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Le parquet de Paris a confirmé, jeudi 25 décembre, avoir ouvert une enquête sur l’enregistrement clandestin d’une conversation entre les journalistes Patrick Cohen et Thomas Legrand et deux responsables socialistes, diffusée en septembre par le média d’extrême droite L’Incorrect.
Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), le parquet a confirmé que cette enquête, confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), faisait suite à une plainte des journalistes après la diffusion en septembre par le magazine L’Incorrect d’une vidéo, enregistrée sans autorisation. On y voit une conversation entre des responsables socialistes et MM. Cohen et Legrand.
Cette vidéo a ensuite été abondamment commentée dans les médias de la galaxie Bolloré comme CNews, Europe 1 et Le JDD, au point de devenir le catalyseur d’une guerre ouverte entre l’audiovisuel public et ces médias.
L’enquête a été ouverte pour « atteinte à l’intimité de la vie privée par captation », « enregistrement des paroles d’une personne, utilisation, conservation ou divulgation d’un document » ou « enregistrement obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui, publication, diffusion, reproduction d’information fausse de nature à troubler la paix publique », a détaillé le parquet. Selon des informations obtenues de source proche du dossier par l’AFP, le directeur de l’information de L’Incorrect, Arthur de Watrigant, a été entendu dans ce cadre par les enquêteurs.
A ce stade, le dossier « est en cours d’analyse » par la section du parquet chargée des dossiers de presse et de libertés publiques, qui n’a pas encore décidé des suites judiciaires à donner, a précisé le ministère public.
Plainte de Legrand contre Europe 1 et CNews
La confirmation de l’ouverture de cette enquête survient au lendemain d’une nouvelle plainte de Thomas Legrand qui vise nommément la radio Europe 1 et la chaîne CNews, après la divulgation d’informations sur un autre échange privé en décembre, avec l’ex-numéro deux de Radio France, Laurence Bloch. Le parquet n’avait jeudi pas encore d’informations sur cette nouvelle plainte.
Il s’agit d’une plainte contre X visant la « captation illégale » de la conversation avec l’ex-numéro deux de Radio France, ainsi que d’une plainte visant nommément la radio Europe 1 et la chaîne CNews pour « conservation, divulgation et utilisation de l’enregistrement obtenu de manière illicite », selon des informations du Monde, confirmant celles du Parisien.
Contactée, CNews n’a pas souhaité faire de commentaire à ce stade, disant à l’AFP n’avoir « pas reçu la plainte ». Europe 1 n’a pas réagi dans l’immédiat. Laurence Bloch a, par ailleurs, déclaré à Télérama avoir elle aussi porté plainte mercredi, pour « délit d’espionnage audiovisuel de la vie privée », « exploitation dudit espionnage » et « interception de correspondance ».
Jeudi, Thomas Legrand avait dénoncé, devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’audiovisuel public, les affirmations répétées sur Europe 1, puis CNews, à propos d’une récente rencontre qu’il avait eue dans un café avec Laurence Bloch. « Notre discussion a été enregistrée à notre insu », alors qu’il s’agissait d’« un rendez-vous privé entre deux amis », avait déclaré Thomas Legrand, évoquant un « espionnage ».
Radio France et France Télévisions ont, par ailleurs, séparément assigné en novembre Le JDD, Europe 1 et CNews devant le tribunal des activités économiques pour « dénigrement », en leur reprochant de très multiples diffusions de ces accusations sur leurs antennes pour leur nuire.











12 commentaires
Quelle ironie que des gens qui défendent la transparence soient eux-mêmes victimes d’un manque de discrétion.
C’est choquant de voir une conversation privée diffusée sans consentement. J’espère que l’enquête rendra justice aux personnes concernées.
On se demande quelle était l’intention derrière cette diffusion, franchement troublant.
Tout à fait d’accord, la vie privée doit être respectée sous toutes ses formes.
Cette affaire montre une nouvelle fois l’importance de la protection des données personnelles, même dans les cercles politiques.
Les médias ont une responsabilité dans la diffusion de telles informations, c’est indéniable.
Malheureusement, c’est souvent au détriment des personnes concernées que ces pratiques se développent.
La diffusion d’une conversation privée entre personnalités publiques soulève des questions éthiques et juridiques complexes.
Une enquête pour atteinte à la vie privée semble appropriée. Les lois doivent protéger contre ce genre de violations.
Absolument, ces enregistrements clandestins nuisent à la confiance dans le débat public.
Tant mieux si la justice choisit de réagir fermement sur ce dossier.
J’aimerais comprendre comment cette vidéo a pu être obtenue et par qui. Des questions restent en suspens.