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Deux ans après les grandes manifestations agricoles, parties d’Occitanie au creux de l’hiver 2023-2024, une nouvelle crise embrase le pays. Si elle se cristallise sur l’épizootie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) qui menace le cheptel français, elle est à foyers multiples : effondrement des prix, chute des revenus et taux d’endettement souvent insurmontables, superposition des normes, nouvelle taxe carbone européenne, menaces de concurrence déloyale si le traité de libre-échange Union européenne-Mercosur est signé cette semaine. Sans compter une balance commerciale agricole qui pourrait être déficitaire cette année, pour la première fois depuis cinquante ans.
Mardi, le premier ministre, Sébastien Lecornu, a pris le relais de la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, et tenté de déminer la crise de la DNC en exigeant une « accélération » de la campagne de vaccination. Parviendra-t-il à apaiser, alors que de nombreux agriculteurs rappellent que les mesures promises par son prédécesseur Gabriel Attal, sur d’autres abcès de fixation, n’ont rien réglé ? Car sur le fond la colère exprimée s’enracine dans des fragilités économiques et sociales réelles, auxquelles viennent s’ajouter des destructions déchirantes de troupeaux.
Au-delà des angoisses existentielles d’une profession en souffrance, cette crise apparaît comme un concentré chimiquement pur d’une crise démocratique qui semble encore s’aggraver. Symptôme de la décomposition politique, le clivage droite-gauche se voit emporté dans la fusion improbable de deux syndicats minoritaires, la Coordination rurale, proche de l’extrême droite, et la Confédération paysanne, ancrée à gauche, qui exigent de concert la fin de l’abattage systématique et l’extension générale de la vaccination. Le syndicat majoritaire, la FNSEA, défend de son côté le protocole sanitaire établi par le gouvernement à partir d’un consensus scientifique, soit l’abattage préventif des troupeaux en cas de contamination, pour protéger le cheptel. Sur ces revendications prospère le même discours de défiance, antiélites, anti-Etat (perçu comme un adversaire plutôt que garant de l’intérêt général) et anti-Europe (qui se voit reprocher d’imposer des normes « technos » et désincarnées, loin du terrain).
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11 commentaires
Les manifestations montrent que les agriculteurs sont à bout. Quand les pouvoirs publics les écouteront-ils vraiment ?
La situation est alarmante : un déficit commercial agricole pour la première fois depuis 50 ans. Où sont les politiques pour inverser cette tendance ?
Les producteurs ont besoin de soutien concret, pas seulement de discours.
Les négociations sur le traité avec le Mercosur en sont peut-être la cause principale.
La taxe carbone européenne ajoute une pression supplémentaire. L’Union Européenne doit trouver un équilibre entre écologie et viabilité économique.
Les agriculteurs ne sont pas contre l’écologie, mais ils ont besoin de solutions adaptées.
Les agriculteurs font face à une accumulation de crises. Espérons que les mesures promises cette fois-ci seront réellement mises en œuvre.
L’État doit enfin prioriser l’agriculture française face à ces défis multiples.
Ça fait des années qu’on promet des solutions, mais les problèmes s’aggravent.
Le doute persiste sur l’efficacité des vaccins contre la DNC. Les agriculteurs ne peuvent plus se permettre de tâtonner.
Exact, chaque jour de retard coûte cher en pertes économiques.