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Des centaines d’agriculteurs se sont mobilisés, mercredi 3 décembre, dans plusieurs départements contre l’abattage massif des troupeaux de bovins en cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), réclamant la fin du « massacre » au lendemain d’une euthanasie très contestée dans une ferme du Doubs.
En Lot-et-Garonne, dans la Creuse, les Landes, l’Aveyron ou en Dordogne, des appels à manifester devant les préfectures ont été lancés ces dernières heures par la Confédération paysanne (CP) et la Coordination rurale (CR), deux syndicats aux positions souvent opposées mais unis pour dénoncer cette politique d’abattage total.
Pour stopper la maladie, transmise par des insectes piqueurs mais qui n’atteint pas l’homme, les autorités ont imposé d’abattre toutes les bêtes d’un troupeau vivant ensemble dès qu’un cas était détecté. « L’Etat tue nos vaches et nos éleveurs », « Pas touche à nos troupeaux », pouvait-on lire sur des banderoles déployées devant la préfecture de Lot-et-Garonne, où environ 70 personnes étaient mobilisées selon les organisateurs et la police.
Un veau mort a été accroché à la grille de la préfecture d’Agen, avec la mention « Stop au massacre », en réaction à l’abattage de 83 bovins dans une ferme du Doubs, pourtant vaccinés, qui a donné lieu mardi à une intense mobilisation agricole avec environ 300 manifestants. Une centaine de manifestants avaient aussi tenté lundi de s’opposer à l’abattage d’environ 80 bovins dans les Pyrénées-Orientales.
« Gestion inhumaine »
Marion Debats, éleveuse et porte-parole de la CP de Lot-et-Garonne, a déploré mercredi une « gestion inhumaine » et appelé à expérimenter un abattage des seules bêtes contaminées, car avec l’arrivée de l’hiver le troupeau est « confiné » et il n’y a plus d’insectes vecteurs, souligne-t-elle. José Pérez, coprésident de la CR 47, a lui jugé « complètement honteux et scandaleux » la « politique destructrice d’abattage total ».
La ministre de l’agriculture, Annie Genevard, originaire du Doubs, a voulu « rappeler les faits », mercredi, dans un long message publié sur le réseau social X. Après être revenue sur le délai avant l’immunisation procurée par le vaccin et la période d’incubation de la maladie, qui peut expliquer qu’un animal la développe après avoir été vacciné, la ministre a estimé que « si la stratégie sanitaire déployée en France – détection rapide, restrictions de mouvements, vaccination massive, dépeuplement des foyers – a déjà porté ses fruits dans plusieurs départements, la situation sanitaire n’est pas encore stabilisée ».
Elle avait rappelé mardi que la mesure d’abattage avait été prise en concertation avec la profession. « Evidemment que c’est terriblement douloureux pour les éleveurs », avait-elle déclaré au quotidien Ouest-France. « Mais en quatre mois, nous avons éradiqué la maladie en Savoie, en Haute-Savoie, dans le Rhône… Dans d’autres pays qui ont opté pour l’abattage partiel, ils ont mis des années à éradiquer la maladie. »
Sur environ 2 700 animaux euthanasiés en France depuis cinq mois, plus de 1 700 l’ont été dans une zone se partageant entre la Haute-Savoie, la Savoie et l’Ain, premier foyer de l’épizootie, qui frappe désormais les Pyrénées et le Doubs.










18 commentaires
Les éleveurs ont raison de se mobiliser. L’État doit revoir sa politique sanitaire avant qu’il ne soit trop tard.
Totalement d’accord, les solutions doivent être plus équilibrées.
Les manifestations montrent une vraie colère. Les décisions doivent être prises avec plus de dialogue.
Cette affaire montre encore une fois l’importance de la aoûtance rurale. Les éleveurs méritent plus de soutien que des mesures radicales.
Tout à fait. Il faut trouver un équilibre entre santé animale et économie locale.
Cette maladie est dangereuse, mais est-ce vraiment efficace d’abattre tous les animaux ?
C’est une mesure extrême qui ne semble pas tenir compte des impacts économiques sur les éleveurs.
Pourquoi l’État ne propose-t-il pas de compensations suffisantes pour ces éleveurs ?
Les autorités pourraient peut-être investir dans la recherche pour trouver un vaccin plutôt que dans l’abattage systématique.
Excellente suggestion. La prévention serait bien plus utile que la répression.
Est-ce qu’il y a des précédents où l’abattage massif a vraiment permis d’éradiquer une maladie ?
Douteux. Souvent, les mesures extrêmes ne résolvent pas le problème de fond.
Les manifestants ont raison de dire que cette décision est un massacre inutile.
C’est une décision qui tue des vies et des moyens de subsistance. Tragique.
Les éleveurs sont en première ligne. Ils ont besoin de solutions réalistes, pas de mesures punitives.
Absolument. La santé animale est importante, mais pas au détriment des éleveurs.
Cette situation est vraiment préoccupante. Pourquoi ne pas chercher des solutions alternatives plutôt que de sacrifier des troupeaux entiers ?
L’abattage massif semble excessif. Y a-t-il des études sur des méthodes moins radicales ?