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Une semaine après les premières protestations autour d’une ferme ariégeoise, la mobilisation contre la gestion gouvernementale de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) se poursuit mercredi 17 décembre. Depuis mardi, des agriculteurs ont pris place sur les voies autoroutières et empêchent la circulation des trains entre Toulouse et Narbonne, sur l’axe Bordeaux-Marseille.
Dans l’Aude, plusieurs dizaines d’agriculteurs se sont rejoints à bord d’une soixantaine de tracteurs à hauteur de Carcassonne sur l’autoroute A61, après avoir convergé depuis Narbonne et Castelnaudary sous escorte de gendarmerie. Vers 13 heures, ils ont bloqué cet axe reliant Toulouse à la Méditerranée, a constaté une équipe de l’Agence France-Presse (AFP).
Equipés de drapeaux de la Coordination rurale (CR), de la Confédération paysanne et des Jeunes Agriculteurs (JA), les engins agricoles empêchent toute circulation dans les deux sens. Les agriculteurs ont également lancé des actions devant des bâtiments de l’Etat, tout en continuant de bloquer l’autoroute « pour plusieurs jours si on peut », a annoncé Alexandre Garcia, membre des JA de l’Aude.
Une benne arborant des drapeaux de la FNSEA a déchargé des déchets agricoles à proximité de la préfecture de Carcassonne, devant un barrage de CRS et une centaine d’agriculteurs, ont constaté des journalistes de l’AFP. « Tant qu’on n’a pas une réponse de l’Etat, une réponse concrète, on ne bougera pas », a poursuivi Alexandre Garcia.
Aménagement de la taxe carbone sur les engrais importés
L’A61 était déjà bloquée depuis mardi dans un sens au niveau de Villefranche-de-Lauragais, en Haute-Garonne, où les agriculteurs empêchent également, au même endroit, la circulation des trains entre Toulouse et Narbonne, sur l’axe Bordeaux-Marseille. « Aucune prévision de reprise des circulations n’est envisagée », selon SNCF Voyageurs.
Une centaine d’agriculteurs se sont également rassemblés mercredi devant le siège du Parlement européen, à Strasbourg, pour protester contre les abattages et le traité de libre-échange UE-Mercosur, dont l’adoption est prévue pour samedi.
Pour répondre à une partie de ces revendications, la Commission européenne a annoncé mercredi l’aménagement de sa taxe carbone aux frontières sur les engrais importés, afin d’éviter une hausse des prix.
Dans le détail, l’exécutif européen appliquera aux engrais importés une majoration très faible (de 1 %) aux « valeurs par défaut », qui servent à calculer les émissions de CO2 d’un secteur. C’est une exception par rapport aux autres produits concernés par ce mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (acier, aluminium, ciment, électricité et hydrogène), soumis à une valeur par défaut de 10 % en 2026, 20 % en 2027, et 30 % en 2028.
Quelque 750 000 bovins seront vaccinés
La ministre de l’agriculture, Annie Genevard, a appelé mercredi à « l’apaisement à l’approche de Noël » en réponse aux manifestations et aux blocages routiers qui perdurent, alors que les agriculteurs ont fait part de leur intention de rester au-delà des fêtes « s’il le faut ».
Dans le centre de Limoges ont été acheminées une trentaine de remorques remplies de bottes de paille pourrie. « On va monter un mur devant la préfecture, on continue nos actions coup de poing pour mettre la pression car la ministre n’a pas pris en compte ce qu’on proposait », a déclaré à l’AFP Thomas Hégarty, qui préside la CR en Haute-Vienne.
Sur l’A10, des perturbations touchent également les échangeurs de Poitiers sud et Châtellerault nord, dans la Vienne ; et de Blois, dans le Loir-et-Cher. L’échangeur de Bourges sur l’A71 est également impacté dans le Cher.
« Ce qu’on veut, c’est l’arrêt de l’abattage systématique, mais le gouvernement n’est pas décidé à le faire, donc nous, on n’est pas décidés à partir », a déclaré Stanislas Chedru, un agriculteur des Landes, sur un rond-point de Mont-de-Marsan.
A Carbonne, des agriculteurs ont passé une cinquième nuit sur l’autoroute A64, tandis que l’A20, l’A63, et l’A89 sont bloquées par endroits. Le ministère de l’intérieur a relevé mercredi 80 actions sur le territoire mobilisant 3 600 personnes, après 75 actions mardi, 45 lundi et 27 dimanche.
Le préfet du Gers, Alain Castanier, a annoncé, mercredi, qu’il déposerait une plainte après que « de nombreux déchets et du lisier » ont été déversés, dans la nuit, devant et sur la préfecture à Auch. Il a condamné des « exactions inacceptables ».
« J’ai demandé aux préfets de gérer ce mouvement avec souplesse et tact. On encadre et on évite les dégradations », a précisé le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, sur Franceinfo.
Mardi, Annie Genevard a annoncé, à l’issue de deux réunions de crise à Matignon, une amplification de la vaccination dans dix départements du Sud-Ouest pour créer un « cordon sanitaire » qui s’étend au-delà des zones où la vaccination était obligatoire en raison de la détection de foyers. Quelque 750 000 bovins sont concernés.
« La meilleure façon de protéger et d’éviter précisément qu’on ne perde des animaux est de vacciner », a-t-elle ajouté, en ne remettant pas pour autant en cause la politique d’abattage total des foyers infectés, très contestée par la Confédération paysanne et la Coordination rurale. Elle a enfin exclu un accompagnement policier des vétérinaires mobilisés pour la vaccination, dont certains ont été victimes de menaces, en appelant à « abandonner toute violence ».
Interrogée sur l’intervention du premier ministre, au lendemain d’une séance de questions à l’Assemblée nationale tendue sur le sujet de la DNC, elle a nié être désavouée : « Avez-vous déjà vu un premier ministre qui, quand une crise est nationale, ne s’en mêle pas ? »










13 commentaires
La FNSEA et les autres syndicats doivent trouver une solution avec le gouvernement rapidement pour éviter une escalade.
Les discussions doivent être urgentes, mais sans concessions sur la sécurité des animaux.
La coordination entre les différents syndicats agricoles est impressionnante, mais les blocages ne résoudront pas tout.
Ils ont certainement épuisé les voies de dialogue classiques.
Les blocages routiers continués par les agriculteurs montrent à quel point la situation de la dermatose nodulaire contagieuse est grave pour eux.
Peut-être, mais le gouvernement devrait écouter leurs revendications plus sérieusement.
C’est compréhensible, mais ça crée aussi des désagréments pour les usagers de la route.
C’est inquiétant de voir à quel point cette épidémie affecte le secteur agricole, surtout en cette période critique.
Oui, et les retard de circulation ont aussi des impacts économiques importants.
Ces blocages montrent l’importance pour le gouvernement de prendre en compte les problèmes agricoles.
Totalement d’accord, mais les actions doivent rester mesurées.
La situation est tendue, mais bloquer des routes semble une tactique extrême, même pour une cause juste.
La désespoir pousse parfois à des actions radicales, mais le dialogue reste la meilleure solution.