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Jean-Luc Godard n’est pas, au sein de la Nouvelle Vague, son metteur en scène de prédilection. Richard Linklater, 65 ans, préfère, de très loin, François Truffaut. Lorsque le réalisateur américain a commencé, au début des années 1990, à sortir ses premiers films, Slacker (1990), Génération rebelle (1993) ou Before Sunrise (1995), Jean-Luc Godard lui semblait « un ermite installé en Suisse », inatteignable, donc.
Rien à voir avec le Godard globe-trotteur des années 1960. Celui qui, en février 1968, arrivait à New York à l’occasion d’une rétrospective de ses films au Museum of Modern Art (MoMA), dont l’inauguration, selon un journaliste du magazine Eye, « ressemblait à un concert des Beatles ». Le lendemain, Godard donnait une conférence à la New York University à laquelle assistaient deux jeunes cinéastes encore inconnus, Martin Scorsese et Brian De Palma.
A l’époque, le Français visitait régulièrement les campus américains de la Côte est ou ceux de la Californie, mais il se rendait aussi au Texas, au Kansas ou dans le Minnesota. Payé entre 1 000 et 1 500 dollars la conférence, celui qui s’était engagé aux côtés des maoïstes voyait dans cette rémunération considérable un « impôt révolutionnaire », un moyen de se servir sur « la bête capitaliste yankee ».
Un grand moment de cinéma
« Je vous le garantis, se souvient Richard Linklater, rencontré en juin à Paris, tous les producteurs que j’ai croisés dans ma carrière connaissent A bout de souffle. Ils peuvent avoir produit les pires blockbusters ou des séries Z, ils peuvent être incultes, ils connaissent ce film de Godard. » Puis il s’est fait petit à petit plus rare outre-Atlantique.
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8 commentaires
Fascinant de voir comment l’influence de Godard a traversé l’Atlantique pour inspirer des générations de cinéastes.
On oublie souvent combien son engagement politique a aussi résonné aux États-Unis.
Exactement, son approche expérimentale a marqué bien des esprits, même à des époques différentes.
Godard avait l’art de mêler l’art et la politique, un mélange qui n’a pas perdu de son impact aujourd’hui.
Ses films restent des références malgré leur radicalité.
Pourtant, certains Américains de l’époque le trouvaient trop éloigné de leur réalité.
Ses conférences payées 1 500 dollars, c’était une somme astronomique pour l’époque, surtout pour un artiste engagé.
Cela montre que son travail était déjà reconnu, même s’il était critiqué.