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Rien ne ressemble plus à un bureau de producteur qu’un autre bureau de producteur. Celui d’Hugo Sélignac, situé dans un immeuble chic à quelques pas du jardin des Tuileries, dans le 1ᵉʳ arrondissement de Paris, ne déroge pas à la règle, tout exceptionnel que soit son occupant. Il y a des certificats de nomination aux Césars mis sous verre sur les étagères, des récompenses un peu oxydées sur la cheminée en marbre, des claps en pagaille, des éléments de décor récupérés sur les tournages, du mobilier design et, sur le bureau, des scénarios, une boîte de Doliprane 1 000 mg et quelques livres, indices de projets en cours.
Le 15 octobre, Hugo Sélignac fêtera ses 41 ans. Il célébrera aussi la sortie en salle de sa dernière production, Chien 51, adapté du roman homonyme de Laurent Gaudé sorti en 2022 chez Actes Sud. Avec Adèle Exarchopoulos, Gilles Lellouche et Louis Garrel au casting, ce film d’anticipation au budget replet (40 millions d’euros) accumule les scènes de course-poursuite et de combats musclés dans un Paris dystopique, déroule une histoire d’amour impossible et porte un message politique on ne peut plus flou, entre glamourisation d’un futur ultra-sécuritaire et croissance des inégalités entre nantis et laissés-pour-compte. Aux commandes, Cédric Jimenez, qu’Hugo Sélignac accompagne depuis les succès retentissants de BAC Nord (2,3 millions d’entrées en 2020) et de Novembre (2,5 millions de tickets vendus en 2021).
En vingt ans de carrière (et quinze depuis la création de sa société de production, Chi-Fou-Mi), cet homme aux airs d’éternel adolescent est devenu l’un des producteurs français les plus en vue. Depuis un peu moins d’une décennie, il s’impose au box-office dans des genres très différents (Le Grand Bain et L’Amour ouf, de Gilles Lellouche ; Pupille et Je verrai toujours vos visages, de Jeanne Herry ; Le Deuxième Acte et Yannick, de Quentin Dupieux…), tout en ayant les reins assez solides pour investir dans des premiers films ou des projets difficiles (comme, récemment, Le Royaume, de Julien Colonna, sorti en 2024, avec des acteurs non professionnels).
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8 commentaires
Le bureau de ce producteur est bien rempli de souvenirs, cela doit être fascinant de travailler dans un tel cadre.
Je me demande comment Sélignac a pu rassembler un tel budget. Les financements doivent être un sacré casse-tête dans le cinéma aujourd’hui.
Fascinant de voir comment un producteur comme Hugo Sélignac peut mêler cinéma et messages politiques. Le film semble ambitieux avec un budget colossal.
Quarante millions d’euros, c’est énorme pour un film français. J’espère que ce budget se justifie par une qualité cinématographique à la hauteur.
Je ne suis pas convaincu par l’approche d’anticipation de Chien 51. Le mélange de dystopie et de romance me laisse sceptique. On verra bien lors de la sortie.
J’ai hâte de voir comment ils ont transposé le roman de Laurent Gaudé à l’écran. L’anticipation est un genre difficile à maîtriser.
Un film politique sur fond de Paris dystopique, ça fait penser à des classiques comme « La jalousie » mais en bien plus moderne.
Avec un casting comme celui-là, il y a de quoi attirer l’attention. Adèle Exarchopoulos et Gilles Lellouche devraient offrir des performances intéressantes.