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L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
« I’m the stranger/Killing an Arab », chante Robert Smith sur le générique de fin de L’Etranger, le nouveau long-métrage de François Ozon. Le refrain du morceau de The Cure, Killing an Arab (1978), hommage au célèbre roman d’Albert Camus, résonne ici avec les premiers mots prononcés par Meursault (Benjamin Voisin) dans cette nouvelle adaptation du chef-d’œuvre existentialiste : « J’ai tué un Arabe. »
Si le groupe de rock britannique a parfois rebaptisé sa chanson Killing Another pour éviter toute interprétation erronée de la part de ceux qui n’auraient pas la référence littéraire, François Ozon a bien compris qu’il lui serait impossible, en 2025, de ne pas mettre les pieds dans le plat de la question coloniale, angle mort du livre à sa sortie en 1942, largement pointé et décrié depuis.
A rebours de l’adaptation littérale faite par Luchino Visconti en 1967, le cinéaste français offre avec intelligence et sensibilité une version mise à jour, replaçant notamment l’action du film dans son contexte historique. L’Etranger, de François Ozon, s’ouvre ainsi sur des archives d’actualités d’époque qui présentent Alger sous un jour idéalisé par la métropole. Plus loin, Jean-Charles Clichet, qui joue l’avocat de Meursault, lui indique avant son procès : « Vous n’êtes ni le premier ni le dernier à tuer un Arabe. Ce n’est certainement pas ce que l’on va vous reprocher. » Echo douloureux d’un racisme persistant qui hante le film et toute notre histoire récente.
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27 commentaires
Le film aurait pu marquer plus profondément si Ozon avait osé un traitement encore plus contemporain.
Mais en simplifiant trop, il aurait perdu la dimension littéraire.
L’équilibre entre modernité et adaptation fidélité est délicat à trouver.
Je trouve que François Ozon a réussi à rendre Meursault plus humain que dans le livre.
Son interprétation permet en effet de mieux se connecter avec le personnage.
C’est un point de vue intéressant, le roman le dépeignait comme très distant.
Français Ozon réussit à moderniser ce classique de Camus tout en abordant des thèmes toujours d’actualité.
Exactement, la mise en contexte coloniale donne une profondeur nouvelle à l’histoire.
On sent que le film a été pensé pour notre époque, sans trahir l’esprit du roman.
Les archives d’actualités en ouverture créent une tension immédiate avec le reste du film.
Ça permet aussi de comprendre mieux le contexte colonial évoqué.
C’est une très belle idée pour ancrer le récit dans son époque.
La référence à The Cure me semble un peu forcée. L’originalité du film aurait gagné à éviter ce cliché.
C’était peut-être un hommage plutôt qu’un choix purement musical.
Certes, mais il y avait d’autres moyens d’évoquer l’esprit de l’époque.
Dommage qu’Ozon n’ait pas exploré davantage la relation de Meursault avec Marie.
Peut-être une volonté de recentrer sur la solitude du protagoniste.
En effet, c’était un aspect intéressant du roman qui aurait pu être développé.
La photo du film est superbe, elle capture parfaitement l’atmosphère de l’Algérie des années 40.
C’est vrai, la direction artistique est impeccable.
Cela ajoute une couche supplémentaire à l’immersion.
Pourquoi ne pas avoir montré plus de scènes du procès de Meursault ? C’était un moment clé dans l’oeuvre originale.
Ozon a choisi de recentrer le récit sur la solitude du personnage.
Peut-être une volonté de se concentrer sur l’absurdité de son existence plutôt que sur son procès.
On sent que l’interprétation de Benjamin Voisin porte tout le film avec une justesse exceptionnelle.
C’est l’un des meilleurs Castings que j’ai vu pour Meursault.
Absolument, son jeu minimaliste est parfaitement adapté au personnage.