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En 2017, les baraquements des anciennes cités d’urgence et de transit de Beutre, à Mérignac (Gironde), dans l’ouest de la métropole bordelaise, ne remplissaient plus leurs fonctions. Problèmes d’humidité, d’insalubrité, précarité énergétique, amiante dans la toiture… Une intervention s’imposait. En d’autres temps, on aurait tout rasé, et aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui ne se poseraient pas la question. Le bailleur social Aquitanis, lui, voulait préserver ce qui était là.
« Ça fait petit village, estime Jean-Luc Gorce, le directeur général de l’établissement. Des familles entières vivent ici, des fratries… Si on avait démoli, on aurait construit trois fois plus… Mais on n’a pas voulu casser les liens qui s’étaient tissés au fil du temps. » Lauréat du concours d’architecture lancé cette année-là, Christophe Hutin a établi une méthode pour rénover le bâti en respectant les habitants.
De plain-pied sur la rue, ces bâtiments sommaires divisés en unités d’habitations familiales ont été conçus dans les années 1960 comme des logements temporaires : des murs en brique à nu et une dalle en béton au sol, un bloc sanitaire qui obstrue à moitié l’entrée, un poêle à fioul en guise de chauffage, une petite parcelle de jardin à l’arrière pour respirer… Certains étaient destinés aux habitants des taudis du centre-ville de Bordeaux, que l’on rasait à l’époque pour construire le centre d’affaires de Mériadeck. D’autres à des populations immigrées, des familles venues du Maghreb, d’Espagne et du Portugal pour répondre aux besoins de main-d’œuvre du secteur du bâtiment. Les propositions de relogement dans le parc social qu’on leur a fait miroiter à l’époque ne sont jamais arrivées, et les gens ne sont jamais partis.
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12 commentaires
Une belle initiative qui montre qu’il est possible de rénover sans tout effacer. Preserver les liens sociaux en rénovant intelligemment, voilà une approche qui mérite d’être encouragée.
Exactement, c’est un modèle qui pourrait inspirer d’autres villes.
J’espère que cette rénovation prendra en compte tous les problèmes d’humidité et d’insalubrité.
C’est une bonne chose de préserver ces cités plutôt que de construire des logements neufs ailleurs. Dommage qu’on attende si longtemps avant d’agir sur ces problèmes.
D’accord, mais il faut aussi des budgets adaptés pour de tels projets.
Pourquoi ne pas généraliser cette approche ailleurs en France ? Les problèmes d’humidité et d’amiante dans les logements précaires concernent bien plus que Beutre.
Par manque de moyens financiers, sans doute. Mais l’exemple est là, il faut le suivre.
Intéressant de voir comment l’architecture peut contribuer à renforcer la cohésion sociale dans ces habitats temporaires devenus permanents.
Oui, et en plus, cela évite de créer des ghettos en dispersant les familles.
Un beau projet, mais j’espère que les familles bénéficieront réellement de cette rénovation, et pas seulement les propriétaires.
Un projet qui prouve que la rénovation peut être à la fois respectueuse du passé et innovante. J’aimerais voir plus de projets comme celui-ci.
Tout à fait d’accord. Et avec le souci d’une réelle mixité sociale.