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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Emancipez-vous ! Trop de films français sur la condition féminine se sont apparentés, en 2025, à des mégaphones grésillants, à des injonctions de libération, à des manuels illustrés. Le film « historique », à cet égard, reprend de la vigueur malgré son risque d’académisme, car il faut bien intégrer ou, mieux, incorporer, ce que les femmes ont dû traverser en d’autres temps, ce dont elles se sont chargées et ce qu’elles ont activement défendu. Ce qu’elles ont transmis aussi, en bien ou en mal, aux générations ultérieures – d’autant que cela peut coïncider avec le début du cinéma.
La Condition, de Jérôme Bonnell, sorti le 10 décembre, l’a tenté dans une demeure bourgeoise, au début du XXe siècle, en France. Situé à cette même période et ayant en partage son actrice principale (Galatéa Bellugi), L’Engloutie, de Louise Hémon, s’aventure sur un tout autre registre. Galatéa Bellugi était une domestique chez Bonnell. Elle est cette fois-ci une jeune institutrice, prénommée Aimée, hussarde de la République déléguée en plein hiver dans un hameau isolé des Hautes-Alpes – territoire bien connu par la cinéaste, dont c’est le premier long-métrage de fiction, mais qui y a précédemment ancré de courts documentaires.
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11 commentaires
Drôle de façon de décrire les réalisations féminines, comme quelque chose à ‘intégrer’ ou ‘incorporer’. La condition féminine devrait-elle être naturalisée comme un sujet historique ?
D’accord, mais le cinéma historique permet aussi une réflexion distanciée, utile pour éviter les biais contemporains.
C’est un point de vue discutable, qui risque de minimiser les luttes présentes en les reléguant au passé.
Un film qui semble explorer la solitude et l’isolement avec une touche historique. Pourquoi les Hautes-Alpes, vous pensez que c’est un choix symbolique ?
Le décor alpin ajoute une dimension naturelle à l’oppression, comme si la montagne elle-même étouffait son héroïne.
Sans doute pour l’ambiance sauvage et coupée du monde, qui renforce le piège psychologique de l’institutrice.
Un premier long-métrage avec un tel sujet, c’est audacieux. La cinéaste aurait-elle évité certains clichés sur l’exil féminin en montagne ?
Espérons qu’elle évite le misérabilisme, souvent utilisé pour les récits ruraux.
La mountainous et la solitude sont des thèmes intemporels, mais modernes dans leur traitement.
Galatéa Bellugi semble être une actrice à suivre, après son rôle chez Bonnell. Comment voyez-vous sa performance dans ce nouveau film ?
Elle porte à elle seule l’intensité narrative, ce qui en dit long sur sa polyvalence.