Listen to the article
Les voitures font le plein au milieu des taches d’huile, dans un léger parfum d’essence. Derrière les caisses, les croissants au jambon, incontournables des stations-service ukrainiennes, et en file, devant les machines à café, une ribambelle de treillis militaires : la banalité des escales sur les routes du pays depuis 2022. Sauf que le Humvee (un véhicule militaire tout terrain) qui patiente près des pompes est coiffé d’une grosse cage, comme dans les films Mad Max. Et que, depuis quelques semaines, la station tout entière est prise dans une vaste toile d’araignée blanche, à cinq mètres au-dessus d’elle, scénario que cette fois aucun film n’a imaginé.
Bienvenue à Izioum, nouvelle ville « à filets ». Comme à Kherson, sans cesse survolée par des drones, cette bourgade du nord-est de l’Ukraine, à environ 120 kilomètres au sud de Kharkiv, ne voit plus son ciel qu’à travers un étrange grillage. Ici, plus d’horizon dégagé. En novembre, des civils et des militaires ont été enrôlés pour planter au bord des routes de hauts piquets de bois et tendre des filets de polyéthylène, utilisés d’ordinaire par les agriculteurs et les viticulteurs pour les plantes grimpantes, ou pour protéger les vignes de la grêle ou des oiseaux.
C’est le cas de la route reliant la ville à Sloviansk, où se trouve notre station-service Marshal. Cet axe stratégique et logistique, le seul à approvisionner le front du Donbass, qu’il longe parfois à moins de 20 kilomètres, s’étire désormais sous un tunnel de mailles en plastique, blanches, vertes ou bleu pâle, comme un voile tendu au-dessus de la chaussée. Lorsque la route plonge, puis grimpe, on a parfois l’impression d’un mirage. Mais non : ces moustiquaires géantes sont bien chargées de stopper ces gros oiseaux électroniques, nouveauté de cette guerre où l’arrière n’est nulle part et la menace partout, y compris loin des tranchées.
Il vous reste 69.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.






12 commentaires
Bizarre de voir une station-service ainsi empaquetée, mais tout semble utile quand il s’agit de contre-drones. Est-ce que ça marche vraiment ?
D’après les rapports, oui, ça perturbe les trajectoires des petits drones.
Les Ukrainiens font preuve d’une créativité surprenante dans cette guerre. Ces filets rappellent un peu les filets de camouflage de la deuxième guerre mondiale.
La guerre 2.0 : où la technologie des cultures se transforme en armement de défense civile. Ironique, non ?
D’autres régions ont-elles adopté cette méthode ? Si c’est le cas, on pourrait voir une propagation rapide de cette technique.
On parle beaucoup du front ukrainien, mais peu des innovations locales comme celle-ci. Une solution low-cost et rapide à déployer, semble-t-il.
Une protection simple mais efficace. Dommage que ces resources ne soient pas mieux utilisées à des fins pacifiques.
Intéressant de voir comment des matériaux agricoles sont détournés pour des usages militaires. Une démonstration de l’ingéniosité humaine en temps de crise.
absolutoire quand on voit leur efficacité limitée, ne dépassant pas les 200 mètres de haut.
Incroyable cette adaptation des filets agricoles en systèmes antidrones, une réponse ingénieuse face à la menace aérienne.
Effet secondaire intéressant : ça doit aussi décourager les oiseaux !
Oui, mais efficace contre les drones bas volants, non ?