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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

En 1980, l’écrivaine Goliarda Sapienza (1924-1996) fait un court séjour en prison pour un vol de bijoux lors d’une soirée mondaine. Elle tirera de cette expérience au cœur d’une contre-société de femmes un roman, L’Université de Rebibbia (1983, paru en français aux éditions Le Tripode, en 2013), qui lui offrit son premier succès. Ce, bien avant la parution à titre posthume de son chef-d’œuvre, L’Art de la joie, qui l’a élevée au rang des grandes figures littéraires du XXe siècle. Fuori, le nouveau film de Mario Martone (Nostalgia, 2022), présenté en compétition au Festival de Cannes, en mai, saisit, de manière fragmentaire et dispersée, l’existence de la romancière italienne dans cet entre-deux, depuis son incarcération jusqu’aux mois qui ont suivi sa libération.

Dès les premières minutes, le contraste entre la prison et l’extérieur apparaît particulièrement marqué. On voit d’abord Goliarda Sapienza (Valeria Golino) acheminée de force le long d’un couloir obscur en vue d’une fouille humiliante. Puis, on la retrouve plus tard, dans son salon baigné de soleil, prenant un café au son du vent, de la mer et des cigales. Dès lors, tout le travail du film va être de venir subvertir progressivement ces images stéréotypées enfermantes. Jusqu’à arriver, lors du générique de fin, à cette archive où l’on voit la véritable autrice proclamer à la télévision : « Mais la prison, c’est comme dehors. »

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7 commentaires

  1. Sophie Richard le

    L’histoire de Goliarda Sapienza est fascinante, surtout son passage en prison et la façon dont elle l’a transformé en œuvre littéraire. Ce film semble capturer cette dualité entre liberté et confinement.

    • Absolument, son expérience carcérale a donné naissance à des récits puissants. On se demande comment elle a pu garder une telle lucidité.

    • Louis D. Leroy le

      Je ne connais pas son œuvre, mais ce film aura peut-être l’effet d’une découverte pour beaucoup. Les maladies mentales sont bien souvent un sujet difficile et poignant.

  2. La lumière et les sons naturels dans son salon introduisent un contraste saisissant avec la noirceur de la prison. Cela illustre bien son écart avec la société.

  3. Martone semble avoir choisi une approche fragmentaire pour représenter cette période charnière de sa vie. Cela reflète peut-être le chaos intérieur de l’auteure.

    • C’est une stratégie intéressante, surtout pour une personnalité aussi complexe que Sapienza. Cela donne un sentiment de réalité brisée.

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