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Il a laissé quelques affaires chez ses voisins « au cas où », une tenue de rechange et des papiers administratifs, car il savait son expulsion imminente. Rémi (il n’a pas souhaité donner son nom, comme les personnes citées par leur prénom), 36 ans, intermittent du spectacle pour une compagnie de théâtre de rue, gagne 1 600 euros par mois, et habitait depuis 2014 dans le quartier de Belleville, à Paris, un deux-pièces de 22 mètres carrés au loyer très bon marché pour la capitale : 500 euros. Sa propriétaire a vendu ; le nouveau bailleur a voulu doubler le montant, puis reprendre le logement.
« J’ai cherché dans l’Est parisien et en banlieue, à Aubervilliers, à Montreuil [en Seine-Saint-Denis]. Je suis passé par des agences, Leboncoin, PAP [site d’annonces immobilières de particulier à particulier], j’ai fait des visites. Mon dossier n’a jamais été retenu », indique le jeune homme. Il a déposé sa première demande de HLM en 2014 et a été reconnu prioritaire pour un logement social au titre du droit au logement opposable en 2021.
Il a toujours payé son loyer, mais il a refusé de quitter l’appartement. « Je n’avais nulle part où aller, je n’avais pas une chambre qui m’attendait chez mes parents, ils habitent à Valence », justifie-t-il. Les procédures engagées par son propriétaire ont abouti, en octobre 2024, à un commandement de quitter les lieux, avec intervention des forces de l’ordre prévue à la fin de la trêve hivernale. « La porte de sortie, la rue, était juste là. Depuis plusieurs mois, tous les jours en rentrant chez moi, j’étais dans le stress de ne pas savoir si la serrure allait marcher », raconte-t-il.
Jusqu’à ce qu’il décroche, sur le fil, un HLM et en récupère les clés, le 23 octobre 2025. « Les services sociaux de la ville, les élus qui ont appuyé mes demandes de logement social, les bénévoles des associations ont été formidables, souligne Rémi, et même un agent du commissariat de police, qui m’a confié, début octobre : “Bonne nouvelle, l’intervention pour l’expulsion est reportée”. »
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11 commentaires
Un cas parmi tant d’autres, malheureusement. Le droit au logement opposable semble souvent théoriques.
Les délais d’attribution des HLM sont scandaleux. Des années d’attente, c’est inacceptable.
Un problème structurel qui ne se réglera pas sans une réelle volonté politique et des mesures tangibles.
Les promesses électorales ne suffiront pas, il faut des actes concrets.
La classe moyenne est la plus touchée, avec des revenus suffisants pour ne rien avoir, mais bien trop bas pour se loger dignement.
Exactement, les intermittents du spectacle sont une cible facile, leurs revenus sont instables.
Comment peut-on doubler un loyer en plein Paris sans scrupule ? Les locataires n’ont aucun recours face à ces abus.
C’est là que des régulations plus strictes seraient nécessaires, mais ça n’arrive jamais.
Cette situation montre à quel point la crise du logement est profonde en France. Les gens comme Rémi sont pris en étau entre des propriétaires qui abusent de leur position et un marché immobilier inaccessible.
C’est vrai, mais les solutions manquent. Les aides existent, mais pourquoi mettent-elles si longtemps à être attribuées ?
Il faudrait rendre certaines pratiques des propriétaires plus transparentes et équitables.