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Les négociations de la 30e conférence de l’ONU sur le changement climatique (COP), qui se tient dans l’Amazonie brésilienne, à Belem, depuis la semaine dernière, sont entrées, vendredi 21 novembre, dans leur dernier jour sans consensus en vue entre des camps qui restent très opposés sur les énergies fossiles.
La présidence brésilienne de la COP30 a mis au dernier jour un projet de texte sur la table avec une grande omission : il ne contient pas le mot « fossiles », et encore moins la création de la « feuille de route » réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires.
« C’est loin de l’ambition dont nous avons besoin sur l’atténuation. Nous sommes déçus du texte qui est actuellement sur la table », a déclaré le commissaire européen au climat, Wopke Hoestra, dans un communiqué. « Ce texte est décevant : il ne fait aucune mention des énergies fossiles, qui sont responsables de plus de 80 % du réchauffement climatique. C’est une omission incompréhensible à l’heure de l’urgence climatique », a affirmé la ministre de la transition écologique, Monique Barbut, dans un message transmis à l’Agence France Presse (AFP).
Le projet a immédiatement été rejeté par des ONG. « C’est comme une page blanche, il y a si peu pour combler le manque d’ambition pour en rester à 1,5°C de réchauffement, ou pousser les pays à accélérer l’action », a réagi Tracy Carty de Greenpeace. Il est « extrêmement décevant », selon WWF.
Poursuite des tractations
La Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite, le Nigeria et la Russie se sont fermement opposés à toute feuille de route, selon un négociateur sous couvert d’anonymat. Dans la nuit, une trentaine de pays, dont la France, l’Allemagne et la Colombie, avaient jugé cela inacceptable et menacé de bloquer le projet, dans une lettre adressée au président de la conférence, André Correa do Lago. « Nous ne pouvons pas soutenir un texte qui n’inclue pas de feuille de route pour une transition juste, ordonnée et équitable vers la sortie des combustibles fossiles », ont-ils écrit.
Les Brésiliens, déjà en retard sur leur calendrier, ont mené des consultations toute la nuit. Ils vont devoir poursuivre les tractations vendredi, avec la lourde tâche de mettre d’accord 194 pays et l’Union européenne, membres de l’accord de Paris, pour une adoption par consensus, comme c’est la règle aux COP.
L’idée d’une « feuille de route » pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, largement responsables du réchauffement climatique, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l’engagement à une sortie progressive des énergies fossiles pris à la COP28 il y a deux ans.
Le président brésilien Lula l’a relancée au début du sommet de Belem, et encore remise au centre du jeu mercredi lors de sa visite à la COP30, créant le sentiment chez certains que le sujet du pétrole pouvait être relancé.
M. Correa do Lago recevra les chefs de délégations à 14 heures GMT (15 heures en France), et vise toujours une adoption d’un accord dans la soirée. Mais aucune COP n’a terminé à l’heure depuis 2003.
Evacuation du site
Les travaux ont été retardés par un incendie jeudi qui a forcé l’évacuation du site à la mi-journée, privant les délégués de précieuses heures.
C’est le troisième incident perturbant la conférence de l’ONU, démarrée la semaine dernière dans cette grande ville emblématique de l’Amazonie urbaine. Une incursion de manifestants indigènes puis le blocage de l’entrée avaient déjà désorganisé les travaux du sommet, organisé par le Brésil avec l’ONU.
Le feu a éclaté en plein cœur du site temporaire érigé au Parque da Cidade, constitué d’immenses tentes climatisées. En quelques minutes, de hautes flammes ont consumé une partie du toit dans le secteur des stands nationaux, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Pressse (AFP). Le pavillon de la communauté d’Afrique de l’Est est l’un de ceux détruits par le feu. Dix-neuf personnes ont été prises en charge par les secours à cause des fumées, et deux pour des crises d’angoisse, selon le ministère de la santé.










21 commentaires
La ministre Barbut a raison : l’urgence climatique exige des actions concrètes.
Les discours ne suffiront plus.
La transition énergétique sera-t-elle encore une fois sacrifiée sur l’autel des intérêts industriels ?
Malheureusement, l’histoire semble se répéter.
80 pays demandent une feuille de route, mais la présidence refuse. Qui influence cette décision ?
Les lobbies des énergies fossiles ont peut-être une part de responsabilité.
Les ONG ont immédiatement rejeté le projet. Leurs critiques sont-elles fondées ?
Leur méfiance est justifiée face à l’inaction persistante.
Sans engagement sur les fossiles, comment espérer une transition énergétique réussie ?
Cette COP30 manque clairement de vision.
Pourquoi éviter le terme « fossiles » dans le texte ? Est-ce par manque de courage politique ou par calcul diplomatique ?
Les États producteurs de pétrole et de gaz doivent être ménagés, mais à quel prix ?
La COP30 semble manquer d’ambition sur les énergies fossiles. À quoi sert une feuille de route sans objectif clair ?
C’est décourageant, surtout avec l’urgence climatique actuelle.
Les pays en développement ont peut-être besoin de plus de temps pour s’aligner.
Le commissaire européen Hoestra a raison : ce projet de texte est décevant.
Les enjeux climatiques méritent plus qu’un compromis faible.
Avec 80 % des émissions liées aux fossiles, comment peut-on ne pas les mentionner ?
C’est une omission incompréhensible.
Comment accepter qu’on ignore toujours les principales causes du réchauffement climatique ?
C’est une erreur stratégique à long terme.