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Le prix Nobel d’économie 2025, attribué, entre autres, à Philippe Aghion, consacre le succès étonnant de l’idée de « destruction créatrice » chère à Joseph Schumpeter (1883-1950). Succès étonnant car, comme l’a montré l’historien des sciences David Edgerton, dans son livre Quoi de neuf ? Du rôle des techniques dans l’histoire globale (Seuil, 2013), cette idée ne résiste pas à l’examen historique : le nouveau ne remplace que rarement l’ancien. Les liens entre recherche et développement (R&D) et croissance économique sont ambigus.

Des pays innovants peuvent stagner – le Japon dans les années 1990 – tandis que d’autres, investissant peu dans la R&D, ont connu une croissance rapide – l’Italie dans les années 1960. La causalité pourrait être inverse de celle que supposent les schumpétériens : ce n’est pas l’innovation qui engendre la croissance, mais la croissance qui permet d’investir dans l’innovation.

Qu’un Etat finance les techniques de pointe pour des raisons de souveraineté peut se comprendre ; pour augmenter la croissance, l’effet est plus discutable. Depuis dix ans, les politiques inspirées par ce genre de croyance n’ont pas placé la France sur la voie d’une croissance durable : le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi a servi à gonfler les dividendes versés par les grandes entreprises et des milliards du plan France 2030 ont été dilapidés sur une myriade de « start-up » au destin précaire.

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7 commentaires

  1. Curieux paradoxe quand même: les pays qui innovent sans croissance et ceux qui croissent sans innover confirmant que les modèles standards ne capturent pas toute la réalité.

  2. Intéressant de voir que la croissance économique ne suit pas toujours la même logique que les théories dominantes. L’innovation est-elle vraiment le moteur principal ou juste un effet collatéral?

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