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Les dénégations de Leila Y. n’ont pas convaincu le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine). Jeudi 18 décembre, la nourrice de 42 ans jugée pour avoir intoxiqué les parents des trois enfants qu’elle gardait, a été condamnée à trois ans de prison dont six mois avec sursis. Poursuivie pour « administration d’une substance nuisible suivie d’incapacité supérieure à huit jours commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion », elle a, en revanche, été relaxée pour la circonstance aggravante d’antisémitisme.
Le président du tribunal a insisté sur le caractère « douloureux » de ce « dossier qui renvoie à des peurs ancrées » et présente des « difficultés juridiques sérieuses ». Il a souligné l’« extrême gravité des faits », évoquant une « trahison majeure de la confiance », un « abus de pouvoir » et un « traumatisme durable » pour la famille.
En janvier 2024, la mère des trois enfants alors âgés de 2, 5 et 7 ans avait porté plainte après avoir décelé des odeurs de javel dans une bouteille de vin, une bouteille de jus de raisin, une autre de whisky, un plat de pâtes et dans son produit démaquillant, qui lui avait piqué les yeux. Les enquêteurs avaient par la suite trouvé des traces de produit nettoyant dans tous les contenants mentionnés.
« Position erratique »
En garde à vue, Leila Y. avait réfuté dans un premier temps toute responsabilité avant d’admettre, au cours d’une deuxième audition puis devant le juge d’instruction, avoir versé une « lotion à base savonneuse » dans certaines denrées. « C’était comme une punition par rapport à ce qu’ils ont fait envers moi », avait-elle expliqué, mentionnant un conflit à propos de sa rémunération, qu’elle jugeait insuffisante. Et de justifier ainsi son geste : « J’étais énervée… ils me manquaient de respect. » Quelques mois plus tard, elle était revenue sur ses déclarations. Et n’a cessé de nier depuis. Accusant l’enquêteur de police de lui avoir « mis la pression » et de « l’avoir forcée » à avouer des faits qu’elle n’aurait pas commis. Des accusations balayées par les avocats et le président du tribunal lors de son procès, le 9 décembre.
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11 commentaires
Cette condamnation démontre que la justice française sanctionne sévèrement les abus de confiance envers les enfants, même si l’infâme motivation n’est pas retenue.
Trouver des traces de javel dans les aliments et produits du foyer est terrifiant. Quelles mesures sont vraiment mises en place pour protéger les enfants dans des cas d’intoxication suspecte ?
Les services sociaux devraient sans doute renforcer leurs protocoles d’enquête dans ce type d’affaires.
Le président du tribunal a raison de qualifier ce dossier de douloureux et de sensible. Espérons qu’il sera utile pour améliorer les procédures futures.
Cette affaire montre à quel point la confiance des parents envers leurs proches est cruciale, et combien sa trahison est destructrice pour les enfants.
Le tribunal souligne les difficultés juridiques, mais la victime et sa famille doivent maintenant vivre avec ce traumatisme. Quel système de soutien existe réellement pour eux ?
Ce jugement soulève des questions importantes sur les limites de la qualification pénale de la haine religieuse. Comment les tribunaux peuvent-ils mieux prendre en compte ces motivations dans de tels cas ?
La justice doit trouver un équilibre entre preuve et présomption de culpabilité, surtout dans des affaires aussi sensibles.
Certains diront que le simple fait de nuire à une famille en raison de leur identité devrait être suffisant pour retenir cette circonstance aggravante.
Difficile de comprendre comment l’antisémitisme n’a pas pu être prouvé, alors que les preuves matérielles semlaient claires. La justice a-t-elle hésité par excès de prudence ?
Les procédures judiciaires demandent des preuves tangibles, pas seulement des présomptions.