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En ces lieux, « il y a plus d’un siècle », se tenait l’école normale d’instituteurs de Moulins-sur-Allier. Mickaël Bellec convoque le passé avec une certaine fierté, lui qui a pris la relève en tant que directeur délégué de l’institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé) Clermont-Auvergne. La formation au métier d’enseignant est l’une des rares offres d’enseignement supérieur dans cette ville de 20 000 habitants, dans le nord de l’Auvergne.
Dans l’académie, le site de Moulins se distingue de ceux de Chamalières (Puy-de-Dôme), d’Aurillac et du Puy-en-Velay : il est le seul à proposer un parcours préparatoire au professorat des écoles, le « PPPE », dont la formation se déroule en partie dans un lycée et en partie à l’Inspé, assurée par une équipe mixte de formateurs issus de l’enseignement secondaire et de l’université. Objectif : obtenir une licence pluridisciplinaire, prolongée par un master métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) qui amène, deux ans plus tard, au concours de recrutement.
Sauf que cette innovation, lancée en 2022, n’ira pas à son terme. Elle est percutée par la réforme de la formation des enseignants, qui avance de deux ans la date du concours : les étudiants en troisième année du parcours préparatoire devront se jeter à l’eau sans attendre d’avoir obtenu leur diplôme de master, et passer les épreuves dès le printemps 2026.
« Pression maximale »
« D’un coup, tout s’accélère dans toutes les matières !, témoigne Manon Guette, en troisième année de ce cursus. Jusqu’ici, nos enseignements avaient été progressifs, mais ce concours nous injecte une bonne dose de stress. » « Tout l’été, je n’ai pensé qu’à la réforme, surtout pour les maths où j’ai plus de difficultés », complète Emma Vialletel, qui dit se mettre « une pression maximale en vue du concours ». « Cela crée de l’inquiétude chez les étudiants, ils n’avaient pas anticipé un concours à passer dès la troisième année de licence », confirme Valérie Berthomier, formatrice et responsable du PPPE.
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15 commentaires
Quelle ironie de sacrifier une formation innovante au nom de la réforme.
C’est une tendance inquiétante, les expérimentations locales sont souvent les premières touchées.
Les étudiants de Moulins ont bien raison de s’inquiéter, leur formation est unique en son genre.
Une réforme mal adaptée pourrait indeed causer des dégâts.
Les réformes à répétition créent beaucoup d’incertitude pour les futurs enseignants.
C’est pourquoi il faut plus de stabilité dans les parcours proposés.
Je comprends les craintes des étudiants, mais les réformes sont parfois nécessaires pour améliorer le système.
Oui, mais sans consulter ceux qui sont concernés, ça risque d’être contre-productif.
La réforme des enseignants suscite des inquiétudes légitimes, surtout dans des villes où les formations sont peu nombreuses.
C’est vrai, surtout à Moulins où ce parcours était une réelle opportunité.
Il faut espérer que les nouvelles mesures ne sabotent pas ces efforts locaux.
Est-ce que cette réforme va vraiment améliorer la qualité de la formation des enseignants ?
La question reste entière, notamment pour les petites villes comme Moulins.
Il serait utile d’avoir plus de détails sur les conséquences concrètes de cette réforme.
Exact, les vagues annonces ne suffisent pas pour rassurer.