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Généreux, brave, chevaleresque. Mais aussi délirant, grotesque et détraqué. Don Quichotte, le héros littéraire de Cervantès, n’a jamais cessé d’intriguer les lecteurs depuis le XVIIᵉ siècle. Etrangement, il est aussi devenu un cas d’étude pour professeur de management : l’hidalgo serait ainsi l’incarnation du leader charismatique, doté de brio et d’ambition.
On doit cette analogie à James March, économiste et sociologue, professeur à l’université de Stanford (décédé en 2018), qui a utilisé le personnage – mais aussi ceux de Guerre et Paix, de Tolstoï – pour fonder une théorie du leadership. « Don Quichotte incarne la vision. Sancho Pança représente la fonction support, la praticité », résume Fabien De Geuser, ancien directeur académique de l’ESCP Business School et coauteur de Panne de sens. Manager pour qui, pour quoi, comment ? (Dunod, 2022). Mais le charisme, poursuit-il, « c’est Don Quichotte sans Sancho Pança : il est déconnecté du réel, voué à l’échec. Or un bon leader doit être les deux. Qui cherche une auberge pour dormir et manger le soir, pendant que Don Quichotte affronte des moulins à vent ? Sancho Pança ».
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10 commentaires
Don Quichotte, leader charismatique ? La comparaison est surprenante. Mais après tout, qui n’a pas déjà travaillé avec un manager un peu idéaliste, plus préoccupé par sa vision que par la réalité ?
Ces managers-là finissent souvent par perdre le soutien de leurs équipes. L’important, c’est de concilier vision et pragmatisme.
Intéressant de voir comment le charisme, même basé sur l’illusion, peut influencer en entreprise. Un leader doit-il vraiment être réaliste ou peut-il se permettre d’être un peu ‘donquichottesque’ ?
Tout dépend de l’objectif. Certains secteurs peuvent accepter un peu de folie, mais rarement en politique économique.
Le charisme pur mène souvent à l’échec, comme le rappelle l’exemple de Don Quichotte. Une dose de pragmatisme est essentielle.
J’ai toujours cru que le leadership charismatique était un atout indéniable. Pourtant, cet article montre ses limites. Et vous, comment évaluez cette dimension dans vos équipes ?
Un bon leader doit inspirer, mais aussi savoir gérer les ressources et les contraintes. Sancho Pança a son rôle à jouer.
C’est un équilibre délicat. Trop de charisme sans ancrage réel peut devenir contre-productif.
Un article qui souligne l’importance de l’équilibre en leadership. Le charisme seul ne suffit pas, il faut aussi savoir écouter et adapter. Une leçon pour tous les managers charismatiques autosuffisants.
Absolument. Un leader efficace doit incarner les deux : la vision inspirante et la gestion rigoureuse.