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La journaliste Rokhaya Diallo a dénoncé, mercredi 24 décembre, une caricature publiée par Charlie Hebdo la montrant en Joséphine Baker, ceinture de bananes à la taille, qu’elle a jugée raciste, ce que le journal satirique a nié en l’accusant de « manipulation ».
« Ce dessin hideux vise à me rappeler ma place dans la hiérarchie raciale et sexiste », a écrit Rokhaya Diallo sur le réseau social X, en estimant que cette caricature s’inscrivait « dans le droit fil de l’imagerie coloniale ». Charlie Hebdo est « incapable de confronter les idées d’une femme noire sans la réduire à un corps dansant, exotisé, supposément sauvage », a-t-elle dénoncé.
Le journal satirique se défend
Sur le même réseau social, Charlie Hebdo a fait valoir que ce dessin, signé de son directeur Riss, illustrait l’article d’un hors-série « sur les fossoyeurs de la laïcité », intitulé « Rokhaya Diallo, la petite fiancée de l’Amérique ».
« Chacun pourra ainsi lire que nous y dénonçons les positions de l’essayiste contre la loi de 1905, qu’elle a toujours condamnée en lui préférant la culture communautariste américaine », poursuit Charlie Hebdo. « Y voir une référence raciste est une manipulation [à laquelle] elle nous a malheureusement habitués », écrit le journal, en accusant Rokhaya Diallo d’assigner « chacun à son origine ethnique et religieuse, contre l’universalisme républicain ».
A l’inverse, Rokhaya Diallo a estimé que « la référence à Joséphine Baker [est] précisément ce qui est raciste », en soulignant qu’il n’y avait « aucun lien » entre elle et la chanteuse et danseuse franco-américaine. Plus tard résistante, Joséphine Baker est devenue une vedette avec le spectacle Revue nègre (1925), où elle dansait vêtue d’une ceinture de bananes.
Charlie Hebdo, dont la rédaction a été décimée par un attentat islamiste en 2015, et Rokhaya Diallo se sont déjà affrontés par le passé autour des notions d’universalisme et de laïcité, qui fracturent idéologiquement la gauche française. L’essayiste a reçu mercredi le soutien d’un grand nombre d’élus La France insoumise ainsi que du patron du Parti socialiste, Olivier Faure, pour qui « ce dessin reprend juste les codes racistes de l’époque coloniale ».









15 commentaires
Une polémique inutile qui ne fait pas avancer le dialogue.
Malheureusement, ce genre de situation alimente plus les tensions qu’elle n’éclaircit les positions.
Les réactions varient, mais il est clair que cette caricature a blessé Rokhaya Diallo.
Le respect devrait toujours primer dans le débat public, même satirique.
Charlie Hebdo défend sa liberté d’expression, mais à quel prix ?
La liberté d’expression n’est pas une excuse pour nuire intentionnellement.
Une caricature qui divise. Quelle est la frontière entre la satire et le racisme ?
Charlie Hebdo a l’habitude de pousser les limites, mais cette fois, la ligne semble franchie.
Le débat reste ouvert, mais l’interprétation de Rokhaya Diallo mérite d’être entendue.
La satire doit-elle avoir des limites ? Cette affaire relance le débat.
Tout dépend du respect minimal à maintenir.
Dommage que des sujets importants soient obscurcis par des polémique stériles.
Effectivement, cela détourne l’attention du fond du débat.
Ce dessin rappelle les stéréotypes coloniaux, un sujet toujours sensible en France.
Les caricatures ont leur place, mais pas au détriment des minorités.