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A Bordeaux, dans une structure publique ouverte en 2002, tout est déjà réuni pour répondre
aux propositions récentes de la convention citoyenne. A force de calibrer les réformes scolaires sur l’organisation des adultes, ce sont tous les enfants qui doivent s’adapter à un même système. Les rythmes des enfants sont devenus un puzzle incohérent, saturé, accéléré, copié sur celui de leurs parents. Ce diagnostic, la convention citoyenne sur les temps de l’enfant le pose avec force dans son rapport récent : fatigue cognitive, pression précoce, temps libres réduits et sens fragmenté des apprentissages ne sont plus des signaux faibles mais un constat collectif.
Pourtant, à Bordeaux, Clisthène, structure expérimentale publique dans le quartier prioritaire du Grand Parc, montre que la réforme des temps de l’enfant ne relève pas d’un manifeste mais d’un prototype expérimenté depuis 2002 à taille réelle : celle d’un collège. Des parents d’élèves avaient proposé l’an dernier à Emmanuel Macron d’y accueillir la convention citoyenne, car bien avant que le constat ne s’impose dans le débat national, cet établissement appliquait déjà un principe simple mais structurant : l’école doit s’adapter aux besoins des enfants tout en répondant aux réalités des parents.
Ainsi, les emplois du temps y sont un choix pédagogique avant d’être un choix d’horloge. Les cours commencent à 8 h 50 après un moment d’accueil où les élèves profitent d’un petit déjeuner partagé et autogéré, d’une aide, d’un échange avec un adulte ou encore, et plus simplement, du temps nécessaire à activer leurs capacités cognitives et physiques. Ce temps n’est pas négligeable, c’est un levier d’attention et d’amélioration du climat scolaire.
Comme préconisé par le rapport de la convention citoyenne, les fondamentaux théoriques sont majoritairement placés le matin, quand la vigilance de chacun est à son pic. Pour que celle-ci reste au plus haut, les cours sont fractionnés en périodes de 50 minutes quasi-alignées sur les recommandations de la convention. L’après-midi n’est pas un « reste », c’est un prolongement par la pratique, l’expérimentation et la coopération, où l’EPS, les arts, les cours en demi-groupe sont intégrés et valorisés à égalité. Ce fonctionnement ne fragilise pas les savoirs : il les incarne, au même titre que le temps d’interdisciplinarité hebdomadaire.
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14 commentaires
Un établissement comme Clisthène montre qu’il est possible de concilier éducation et bien-être des enfants. Pourquoi ne pas généraliser ces méthodes ?
Par manque de moyens et par bureaucratie probablement.
Ces laboratoires pédagogiques sont une source d’inspiration. Reste à savoir si le système éducatif saura s’en emparer.
Le défi est de taille, mais l’exemple de Clisthène est encourageant.
Intéressant de voir des initiatives locales réformer les temps scolaires avant même que cela ne devienne un débat national. Cela prouve qu’avec de la volonté, on peut innover.
Exactement, et c’est souvent dans les quartiers prioritaires que ces modèles voient le jour.
Les enfants ne devraient pas subir un système éducatif qui ne tient pas compte de leurs rythmes naturels. Heureusement, des alternatives existent.
Il serait grand temps que l Éducation nationale les intégrent davantage.
Ce qui manque souvent, ce sont des modèls concrets pour aller vers un changement structurel. Clisthène en est un.
La convention citoyenne a mis en lumière des problèmes que certains établissements résolvaient déjà. Cela prouve que le terrain a souvent une longueur d’avance.
C’est bien dommage que ces expériences innovantes ne soient pas plus médiatisées.
Avec des initiatives comme celle de Bordeaux, on se dit que la réforme scolaire est possible. Il suffit de vouloir la mettre en œuvre.
L’école doit vraiment s’adapter aux enfants, et non l’inverse. Les parents sont souvent les premiers à réclamer ce changement.
Effectivement, le système scolaire actuel semble déconnecté des réalités des familles.