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Considéré pour beaucoup comme l’homme du dérapage des finances publiques, il était devenu un point de crispation entre Les Républicains (LR) et Matignon. Bruno Le Maire a été brièvement nommé dimanche ministre des armées dans le gouvernement de Sébastien Lecornu. Mais ce dernier a démissionné lundi matin, une douzaine d’heures après l’annonce de son gouvernement, devenant le premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Et M. Le Maire a lui aussi annoncé lundi soir renoncer à participer au gouvernement démissionnaire pour « permettre la reprise des discussions ».
« Bruno Le Maire, ministre d’Etat, ministre des armées et des anciens combattants, est, à sa demande, déchargé de l’expédition des affaires courantes », est-il inscrit au Journal officiel, mardi 7 octobre. L’intérim du ministère des armées sera assuré par Matignon, précise la même source.
Contacté à deux reprises, vendredi, par Emmanuel Moulin, secrétaire général de l’Elysée, qui fut son directeur du cabinet à Bercy (2017-2020), puis par son ancien collaborateur Sébastien Lecornu, samedi, Bruno Le Maire, retiré de la vie politique depuis un an, a été rappelé par Emmanuel Macron lui-même, dimanche, pour succéder au nouveau chef du gouvernement à la tête du ministère des armées.
Le retour surprise aux armées de l’ancien ministre de l’économie (2017-2024) Bruno Le Maire a courroucé la droite, qui voit en lui un symbole du dérapage budgétaire des dernières années de gouvernement macroniste. Le président des Républicains, Bruno Retailleau, a précipité la chute de Sébastien Lecornu en remettant en cause dimanche soir la participation de LR au gouvernement à peine celui-ci formé, affirmant ne pas avoir été informé du retour de M. Le Maire dans l’équipe où il avait accepté de revenir, toujours comme ministre de l’intérieur.
Aval de la HATVP
Bruno Le Maire va ainsi reprendre ses cours en Suisse comme « professeur invité » au centre Enterprise for Society (E4S). L’ex-locataire de Bercy a rejoint l’E4S en septembre 2024 pour y enseigner dans ses trois institutions académiques (Université de Lausanne, Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et International Institute for Management Development).
En revanche, Bruno Le Maire n’est plus consultant pour le groupe néerlandais ASML, a déclaré une porte-parole du fabricant de machine de pointe pour le secteur des semi-conducteurs, mardi matin.
En décembre 2024, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avait estimé, sous réserve, compatible la demande de Bruno Le Maire de pouvoir délivrer des prestations de conseil auprès d’ASML. Elle avait notamment préconisé certaines mesures, comme « s’abstenir » de « toute démarche, y compris de représentation d’intérêts » auprès de membres du gouvernement en exercice, ou qui l’étaient en même temps que lui.
Quelques mois plus tôt, en septembre 2024, la HATVP avait donné son aval à Bruno Le Maire pour qu’il enseigne à Lausanne, en Suisse, « dans le domaine de l’économie politique et des relations internationales ».
21 commentaires
Bruno Le Maire préfère se retirer avant que la situation ne dégénère. Sagesse ou manque de courage politique ?
On peut voir les deux côtés, surtout après un rendez-vous aussi court au gouvernement.
La situation des finances publiques attendait peut-être moins de turbulence. Mais les discussions en cours gagneront-elles en clarté avec ces changements ?
L’incertitude politique n’arrange rien, surtout en période de tensions économiques.
La politique peine à convaincre quand les postes clés changent aussi vite. Les électeurs ont-ils encore confiance dans ces décisions ?
La confiance se gagne et se perd vite, surtout avec ce genre de paris perdus.
Un ministre démissionnaire en une journée, cela fait désordre. Le gouvernement a-t-il perdu le contrôle total de sa communication ?
C’est à se demander si les nominations sont réfléchies ou improvisées.
Décidément, le gouvernement actuel ne manque pas de rebondissements. Bruno Le Maire, déjà controversé pour sa gestion des finances publiques, veut éviter d’être associé à un gouvernement en fin de vie.
Effectivement, une nomination aussi éphémère laisse perplexe. Qui sera le prochain sur la sellette ?
Le plus éphémère ministre de la Ve République, c’est un record qui soulève des questions sur la stabilité gouvernementale. Pourquoi une telle précipitation ?
Des dissensions internes peut-être, mais rien ne le confirme encore.
Bruno Le Maire quitte, le gouvernement tente de faire bonne figure. Qui croira encore en la solidité des institutions ?
La crédibilité est un bien fragile, surtout en politique.
Les actions parlent plus fort que les discours, et là, le balançant est inquiétant.
Un ministère des Armées sans titulaire fixe, est-ce encore sérieusement gérable ? La sécurité nationale est-elle compromise ?
Toutes les institutions peuvent absorber un peu d’instabilité, mais jusqu’à un certain point.
Le retour de Bruno Le Maire a été aussi bref que surprise. Quel message cela envoie-t-il aux autres membres du gouvernement ?
Un message peu rassurant, surtout en temps de crise.
Matignon assurant l’intérim, une répétition des erreurs passées ? Le ministère des Armées mérite mieux que cette instabilité.
Totalement d’accord, un ministère aussi sensible ne devrait pas être en première ligne des jeux politiques.