Blu-ray : aventures et mésaventures de l’héroïne japonaise Nami

L’édition physique abonde ces derniers temps en inédits japonais, qui permettent de se replonger dans les marges d’un certain cinéma d’exploitation, prodigue en excès et transgressions. Plusieurs titres récents tissent un fil secret des années 1970 aux années 1990, à travers un personnage récurrent du nom de Nami, une jeune femme plongée dans la jungle urbaine, prise dans la toile de l’aliénation contemporaine.

L’héroïne bafouée et vengeresse est née sous la plume du mangaka Takashi Ishii, auteur de la série Angel Guts, un gekiga (manga pour adultes), qu’il adaptera lui-même pour l’écran, d’abord comme scénariste, puis comme cinéaste. On pourra suivre ses pérégrinations, entre cauchemars éveillés et thrillers glaçants, dans Angel Guts : classe rouge (1979), édité par Le Chat qui fume, ainsi qu’un coffret Takashi Ishii, proposé par Carlotta.

Nami n’est pas un personnage comme les autres, il s’agit plutôt une identité plastique qui circule entre plusieurs héroïnes, nom commun d’une expérience partagée face aux violences sexuelles. Noirs, désespérés, ces films élaborent des dispositifs très sophistiqués, à la croisée de la réalité et du fantasme. Angel Guts : classe rouge, de Chusei Sone, un cinéaste quasi inconnu en France, s’arrime ainsi à l’obsession d’un homme pour une image, le visage d’une femme surpris dans une bande crapoteuse, lors d’une projection clandestine. Muraki, directeur d’une revue érotique, en connaît un rayon sur la fabrication des images, métier aussi laborieux qu’un autre. Mais Nami, retrouvée par hasard au guichet d’un love hotel, est autre : sa liberté sexuelle est aussi un nihilisme radical, retourné contre les hommes.

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