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Le speaker n’a pas eu besoin d’annoncer son nom, lorsque Lou Jeanmonnot s’est présentée devant le stade pour passer la ligne d’arrivée, seule en tête, brandissant le drapeau de son fan-club, décoré de son visage sur fond bleu blanc rouge. Une rumeur, venue de la forêt, avait précédé l’arrivée de la vainqueur du jour. « Lou ! Lou ! Lou ! », scandaient les spectateurs du Grand-Bornand (Haute-Savoie) postés en bord de piste, poussant la Jurassienne comme un membre de leur famille. La Française a remporté la poursuite, samedi 20 décembre, s’imposant pour la première fois de sa carrière au « Grand-Bo », l’étape de la Coupe du monde la plus attendue des biathlètes français comme de leur public.
Lou Jeanmonnot a maîtrisé cette course de bout en bout. Face aux cibles, elle n’a fait qu’une seule erreur. Elle pouvait se la permettre : c’était lors du dernier tir, debout, après avoir réalisé un 15 sur 15 précédemment, avec un débit de mitraillette. Une performance tout en maîtrise, ponctuée par les « oooh » de la tribune à chaque cible blanchie. Les championnes qu’elle devance, la Finlandaise Suvi Minkkinen et l’Italienne Dorothea Wierer, sont reléguées à plus de 30 secondes. La Française Julia Simon, partie 14e, effectue une belle remontée et grimpe à la 4e place.
Le scénario de cette course s’annonçait spectaculaire. Seules 3 secondes séparaient la Jurassienne de 27 ans, deuxième du sprint jeudi, de la Suédoise Hanna Oeberg, qui s’élançait en tête, dans ce format de course qui conserve au départ les écarts de l’arrivée de l’épreuve précédente. Ce samedi, on prenait aussi la mesure de l’événement tant ce public si chaleureux, sautillant depuis deux jours, pavoisait plus encore, chantait plus fort avant le départ des biathlètes, et criait au moindre passage des Françaises des encouragements personnalisés.
Un « exercice » en vue des Jeux olympiques
Pour Lou Jeanmonnot, peu en réussite jusque-là au Grand-Bornand – un rendez-vous si populaire qu’il galvanise autant qu’il peut pétrifier les Français –, ce succès est aussi une victoire sur la peur qui l’étreignait avant chaque départ sur le site de Haute-Savoie. A l’arrivée du sprint, jeudi, elle confiait avoir en quelque sorte exorcisé son stress pour enfin « réussir [s]on Grand-Bo », soulignant qu’elle était « soulagée » d’avoir dompté cette « émotion » d’un rendez-vous qu’elle considère comme un « exercice » en vue des Jeux olympiques de Milan-Cortina, du 6 au 22 février 2026.
Avec cette victoire, Lou Jeanmonnot fait coup double : le bonheur de gagner « à la maison », mais aussi la reprise du dossard jaune de leader provisoire de la Coupe du monde. La Jurasienne repasse devant la Suédoise Anna Magnusson, reléguée samedi à la 16e place d’un classement, où Justine Braisaz-Bouchet, partie 7e et toujours rapide sur les skis, n’a pu faire mieux que 9e, en raison de quatre fautes au tir. Pour consolider plus encore son statut de patronne du circuit féminin, Lou Jeanmonnot peut miser sur la mass start de dimanche, dans un stade du Grand-Bornand encore annoncé en fusion.








7 commentaires
Quelle énergie dans les tribunes ! Les supporters du Grand-Bornand savent vraiment créer une ambiance électrique.
Cela doit donner des ailes aux athlètes, c’est sûr !
Dommage que tous les événements sportifs n’aient pas un public aussi investi.
Incroyable performance de Lou Jeanmonnot ! Elle confirme une nouvelle fois son talent et sa concentration sous pression.
Les 30 secondes d’avance sont assez impressionnantes. Les autres biathlètes ont dû regretter leur journée.
Une seule erreur sur le tir debout ? Impressionnant, surtout après des tirs parfaits auparavant.
Et encore, elle pouvait se le permettre !