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La botte d’un policier s’enfonce dans le sable blanc et aplatit un chapeau décoloré à moitié enseveli. De l’autre pied, il écrase un amas de bouteilles en plastique, d’où dépassent une lampe torche brisée et des chaussures usées. La plage de Mareero, à une dizaine de kilomètres à l’est de la ville de Bossasso, est jonchée de vêtements, des téléphones cassés, des boîtes de thon vides. Ultimes signes de vie des milliers de candidats à l’exil qui, chaque année, embarquent ici sur des embarcations de fortune dans l’espoir de traverser le golfe d’Aden pour rejoindre le Yémen.
Ce passage via le Puntland, région autonome du nord-est de la Somalie depuis 1998, est l’une des deux voies de la « route migratoire de l’Est », qui part de l’Ethiopie pour atteindre le Yémen. Si la plupart des migrants choisissent de transiter par Djibouti, situé à seulement 30 km des côtes yéménites, plus de 58 000 personnes parties d’Ethiopie ont opté pour un passage par la Somalie en 2024, soit 23 % de plus qu’en 2023, d’après un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’immense majorité de ces départs se font depuis les plages du Puntland, moins surveillées.
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12 commentaires
Le Puntland est décidément devenu un point de passage stratégique pour les migrations irrégulières, mais à quel prix pour la sécurité locale ?
Ce prix semble très élevé, avec des conséquences durables sur la stabilité de la région.
Cette situation est vraiment inquiétante. L’État islamique exploite effectivement la vulnérabilité des migrants, ce qui aggrave encore la crise humanitaire dans la région.
Exactement, et cela montre aussi les lacunes des efforts internationaux poursecurerlesroutesmigratoires.
Les gouvernements locaux semblent impuissants face à cette montée de l’extrémisme.
Cette histoire montre une fois de plus comment les conflits et l’extrémisme profitent des crises humaines.
Si la Somalie est mal équipée pour gérer ce flux, une coopération renforcée avec Djibouti pourrait-elle être une solution ?
Pourquoi l’OIM ne fait-elle pas plus pour désamorcer cette situation en amont, au lieu de simplement compter les migrants ?
Faut-il situer cette augmentation de 23% de migrants transitant par la Somalie dans un contexte plus large de crise économique en Éthiopie ?
C’est fort probable. Les infrastructures locales ne peuvent simplement pas absorber le phénomène.
Les conditions de vie des migrants en transit semblent particulièrement difficiles, comme le montrent ces déchets abandonnés.
Effectivement, cette image donne un aperçu poignant de leur désespoir.