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Après une première semaine dédiée à l’examen des circuits décisionnels du groupe Lafarge – afin de comprendre comment avait été prise la décision de maintenir l’activité de son usine syrienne en pleine guerre civile entre 2012 et 2014 – le procès du cimentier a ouvert, lundi 24 novembre, un nouveau chapitre, consacré cette fois au cœur de l’infraction jugée : le « financement de groupes terroristes » que cette décision a impliqué.

Durant la première semaine de débats, les anciens responsables du groupe et de sa filiale syrienne, Lafarge Cement Syria (LCS), ont tenté d’expliquer comment le cimentier en était venu à être la dernière société française encore active dans le pays, fin 2012. « Il y avait cette conviction que la guerre n’allait pas durer, s’est justifié vendredi Bruno Pescheux, l’ancien directeur de la cimenterie de Jalabiya. Cette crise était un tunnel, tout le monde nous disait qu’on allait voir la lumière. Mais la lumière n’est jamais venue… »

Sur la question du « pourquoi », les anciens dirigeants qui se sont relayés dans leurs costumes gris à la barre du tribunal correctionnel de Paris sont restés sur la même ligne. Mais cette belle unanimité s’est fissurée dans les grandes largeurs quand il s’est agi de départager leurs responsabilités. Bruno Pescheux a ainsi affirmé que les « concessions » qu’il avait dû faire sur le terrain pour continuer à faire tourner l’usine, à savoir « céder au racket » des groupes armés, l’avaient été avec l’accord de sa hiérarchie, en l’occurrence « Monsieur Herrault, [son] patron direct ».

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12 commentaires

  1. Incroyable de voir à quel point les dirigeants de Lafarge ont pu sous-estimer la gravité de la situation en Syrie. On se demande comment une telle décision a pu être prise.

  2. Les arguments des anciens dirigeants sonnent comme une tentative désespérée de déplacer la responsabilité. La justice devra trancher avec rigueur.

  3. Antoine Bernard le

    Ces témoignages montrent à quel point les décisions prises étaient éloignées de la réalité sur le terrain. Cela pose de sérieuses questions sur les processus décisionnels en période de crise.

  4. Le financement involontaire de groupes terroristes par une entreprise ne devrait jamais être considéré comme un accident. Cela devrait être traité avec la plus grande sévérité.

  5. Qui savait quoi, et à quel moment ? C’est la question centrale qui devrait émerger de ce procès. La transparence est essentielle pour comprendre l’étendue des responsabilités.

  6. Luc E. Bernard le

    Le procès révèle des négligences graves, mais l’argument de la ‘lueur au bout du tunnel’ est-il une défense valable pour justifier le financement de groupes terroristes ?

  7. Camille Thomas le

    On dirait que l’aveuglement stratégique a remplacé la vigilance dans ce dossier. Une leçon douloureuse pour les entreprises opérant en zones de conflit.

  8. Le procès semble mettre en lumière des failles majeurs dans le contrôle des risques. Des réponses concrètes sur la supervision des opérations à haut risque sont attendues.

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