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« Henri Quenillet était la douzième victime de cette liste de l’horreur… » L’avocate générale s’arrête dans son élan, vacillante sous le coup de l’émotion. Magistrate honoraire, Thérèse Brunisso en a vu d’autres – c’est elle qui, en 2021, avait requis la condamnation de Nordahl Lelandais pour le meurtre du caporal Noyer – mais vendredi 12 décembre, au milieu d’un réquisitoire mené tambour battant contre l’anesthésiste Frédéric Péchier devant la cour d’assises du Doubs, ses larmes se substituent aux mots.
La scène est rarissime. Elle en dit long sur l’intensité des débats menés depuis le 8 septembre, focalisés sur une question : le praticien est-il l’empoisonneur de Besançon, dont l’existence est désormais incontestable ? Pour le ministère public, « tout mène à Frédéric Péchier », accusé d’avoir « fait d’une clinique un cimetière ». Trente empoisonnements de patients entre 2008 et 2017 lui sont reprochés.
« C’est une affaire effrayante, parce qu’elle fait tomber le mythe du médecin bienveillant », prévient Thérèse Brunisso. « Ce procès est une traversée dans la noirceur humaine. C’est aussi la quintessence du crime parfait, par des poisons cardiotoxiques qui en même temps, sont des médicaments », s’indigne l’autre avocate générale, Christine de Curraize, en détaillant « le mode opératoire diabolique » de ces invisibles contaminations des poches, vouées à être perfusées, ensuite, par une main de soignant innocent.
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3 commentaires
30 empoisonnements entre 2008 et 2017, voilà un bilan glaçant. On peut se demander comment un tel drame a pu se produire pendant si longtemps sans être détecté.
Un procès particulièrement chargé en émotions, où la vulnérabilité de la magistrate soulève des questions sur l’impact psychologique des affaires criminelles graves.
La défense doit avoir fort à faire pour contrebalader des accusations aussi lourdes et documentées. L’affaire semble pourtant claire pour le parquet.