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Il suffit d’un fil, et le voilà écorce, bison, vague de sang… Avec une terrible grâce, Magdalena Abakanowicz (1930-2017) fit naître du textile un monde d’apparitions et de cauchemars. Figure de l’avant-garde polonaise, cette pionnière reste étrangement méconnue en France : la rétrospective que lui consacre le Musée Bourdelle en est d’autant plus précieuse. Elle éclaire le parcours de celle qui, à l’instar des Sheila Hicks et Olga de Amaral, enfin célébrées à leur juste valeur, révolutionna l’art textile dès les années 1960. Riche de 70 ensembles, tapisseries, sculptures et dessins, elle se déploie dans les méandres de l’aile Portzamparc du musée dédié à la mémoire d’Antoine Bourdelle (1861-1929), en parallèle des collections permanentes.
Qui dit art textile ne dit pas forcément point de croix et broderies domestiques, nombre d’expositions l’ont récemment rappelé. L’univers qui naît sous les doigts d’Abakanowicz fait écho à sa traversée d’un siècle tragique. La guerre qui éclata quand elle était à peine adolescente, la censure et les privations subies sous le régime communiste qui régnait sur sa Pologne natale : tout cela se lit entre les lignes, entre les fils. D’où le titre de l’exposition : « La trame de l’existence ». « II devenait clair pour moi que je pouvais construire une réalité tridimensionnelle : douce, pleine de secrets, me protégeant, étant un bouclier, et en même temps (…) partie intégrante de moi-même », expliqua l’artiste.
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15 commentaires
Comparer Abakanowicz à Sheila Hicks est pertinent, même si leurs univers respectifs semblent très différents. Peut-être une visite comparée des deux expositions serait-elle intéressante.
Sa rétrospective complète confirme qu’elle était une vraie pionnière, mais pourquoi faut-il attendre si longtemps pour la découvrir en France ?
Les œuvres textiles de Magdalena Abakanowicz sont fascinantes, surtout quand on pense à la pauvreté des matériaux de base qu’elle utilisait. Comment a-t-elle pu créer des structures aussi imposantes avec si peu?
C’est intéressant de voir comment l’art textile peut transcender son statut traditionnel de simple décoration pour devenir une véritable expression contemporaine, presque brutale.
Quel courage et quelle résilience dans son art, en réaction aux traumatismes historiques qu’elle a vécus. Sa force transparaît dans chaque fibre.
Les 70 ensembles exposés… et pourtant, on aurait voulu en voir davantage ! Cela en dit long sur l’ampleur de son œuvre.
Comment le musée a-t-il choisi les 70 ensembles exposés ? Certains des plus grands format مطلوب, ou bien une sélection plus chronologique de son travail ?
C’est vrai que l’art textile moderne est souvent sous-estimé, et cette exposition prouve qu’il mérite toute notre attention.
J’aurais aimé voir plus de dessins préparatoires pour mieux comprendre son processus de création, surtout pour les sculptures textiles les plus ambitieuses.
Les souligné tragique de son œuvre est obtenu par une manipulation technique des matériaux, et pas seulement par le sens.
Un siècle tragique, des œuvres puissantes : l’exposition résume bien cette dualité.
Ces œuvres textuelles me rappellent certains aspects de l’art contemporain, beaucoup plus agressif et politique, mais avec une touche plus organique.
Les années 1960 ont été une période charnière pour l’art textile, et Abakanowicz y a joué un rôle crucial, même si elle reste encore trop méconnue aujourd’hui.
Je me demande si le musée Bourdelle a bien mis en valeur cette rétrospective, compte tenu de l’espace disponible et de l’impact visuel de ces œuvres monumentales.
Cette exposition dite précieuse éclaire surtout l’oubli et le manque de reconnaissance dont souffrait cette artiste en France.