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Shein, Temu et consorts ont tout des méchants que l’on adore détester. Ils sont agressifs et semblent prêts à tout pour atteindre leurs objectifs, comme en témoigne l’actualité récente : produits non conformes à la réglementation européenne, pratiques commerciales trompeuses, difficultés à faire remonter la TVA, soupçon de dumping… Tout cela serait resté inaperçu s’ils n’avaient pas enregistré un succès foudroyant.
A un moment où le commerce est en crise, il est clair qu’il est nécessaire de rappeler ces acteurs à l’ordre, de leur faire clairement comprendre que l’accès au marché européen implique d’en respecter les règles et de pratiquer une concurrence loyale. Pour l’essentiel, le droit de la concurrence et le droit de la consommation disposent de l’arsenal juridique nécessaire. Reste à se donner les moyens de l’appliquer de manière plus systématique.
Demeure l’exemption de droits de douane dont bénéficient les colis de moins de 150 euros. Elle devrait prendre fin dès le premier trimestre 2026. Cela pourrait permettre, en outre, de conduire à la révision de l’organisation logistique de l’importation des produits vendus par ces plateformes, où la conteneurisation permettrait de réduire le ballet des 600 avions qui, selon la Commission européenne, transportent sur le marché européen 12 millions de colis chaque jour – plus de 4,6 milliards en 2024, un chiffre qui a doublé par rapport à 2023 –, ce qui contribue au bilan environnemental catastrophique de ces plateformes.
Pouvoir d’achat sous tension
L’émotion provoquée par l’arrivée de Shein au BHV, à Paris, début novembre invite à la réflexion. Tout d’abord sur un plan sociétal, n’avons-nous pas eu là une formidable illustration du gouffre qui sépare la « France d’en bas » des « élites, économico-politico-médiatiques » ? Si les citoyens râlent, les consommateurs achètent, et ils achètent beaucoup et de plus en plus. Pour certains, ces offres à bas prix – tout comme celles des discounters comme Action ou des déstockeurs comme Noz ou Normal – sont une réponse à un pouvoir d’achat sous tension.
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9 commentaires
L’exemption de droits de douane est un avantage non négligeable, son suppression pourrait niveler le terrain de jeu entre les acteurs du marché.
Les pratiques commerciales agressives de ces plateformes sont-elles vraiment nécessaire pour rester compétitives ?
Les problèmes de TVA et de conformité montrent à quel point ces plateformes contournent parfois les norms existantes.
La conteneurisation des livraisons pourrait effectivement améliorer la logistique, mais cela augmenterait aussi les coûts pour ces entreprises.
Ces accords commerciaux avec des pays tiers posent effectivement des questions complexes sur la viabilité à long terme.
Les consommateursprofitent de prix bas, mais à quel prix pour l’environnement et l’économie locale ?
Ces plateformes sont devenues des géants en quelques années, il est temps que les règles du commerce s’adaptent à cette nouvelle réalité.
Pourquoi les autorités ne mettent-elles pas plus de moyens en place pour contrôler ces pratiques dès maintenant ?
Les entreprises comme Shein et Temu bouleversent les règles du jeu, mais il serait intéressant de voir si les réglementations européennes peuvent vraiment les encadrer.