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Deux journalistes des principaux quotidiens privés burkinabés et trois magistrats de la cour d’appel de Ouagadougou ont été « enlevés » ou annoncés « portés disparus », a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès d’un média, d’un proche et d’une source judiciaire, lundi 13 octobre.
Au Burkina Faso, le régime militaire issu d’un coup d’Etat perpétré en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré est régulièrement accusé de réprimer des personnalités considérées comme hostiles au pouvoir. Certaines sont mobilisées de force pour combattre les djihadistes qui minent le pays. Ces derniers mois, le pouvoir a libéré une dizaine de personnes enlevées ou arrêtées puis mobilisées de force, notamment des journalistes, des leaders de la société civile ou des proches d’hommes politiques.
« Alors qu’il s’apprêtait à diriger la conférence de rédaction quotidienne ce lundi 13 octobre, le directeur des rédactions de L’Observateur Paalga, Ousséni Ilboudo, a été interpellé par des individus se présentant comme des éléments de l’Agence nationale du renseignement (ANR) », a alerté le quotidien privé sur sa page Facebook. « Sur-le-champ, il a obtempéré à cette injonction et a été immédiatement embarqué à bord d’une fourgonnette vers une destination qui nous est inconnue », a précisé le journal, doyen des quotidiens burkinabés : « Jusqu’au moment où nous publions la présente dépêche, nous étions toujours sans nouvelle de notre directeur des rédactions. »
Des dizaines d’officiers arrêtés
Plus tôt, un autre journaliste, Michel Nana, rédacteur en chef adjoint du quotidien privé Le Pays, « a été enlevé vers 9 heures par des hommes en civil, probablement de l’ANR », a indiqué à l’AFP un de ses proches, assurant que « des recherches sont en cours pour savoir où il a été conduit et ce qu’on lui reproche ».
Reporters sans frontières (RSF) « condamne fermement ces interpellations et exige la libération immédiate de Michel Wendpouiré Nana, d’Ousséni Ilboudo ainsi que de tous les journalistes enlevés, dont Serge Oulon », interpellé à son domicile en juin 2024, a affirmé Sadibou Marong, directeur de l’ONG pour l’Afrique subsaharienne, dans une réaction transmise à l’AFP. « Plus rien ne semble désormais freiner les autorités militaires, qui poursuivent leur entreprise de démantèlement de la liberté de la presse », a-t-il dit.
En outre, deux magistrats de la cour d’appel de Ouagadougou « ont été enlevés » et un autre est « porté disparu », selon une source judiciaire à l’AFP. « Urbain Méda et Benoît Zoungrana ont été enlevés respectivement vendredi et dimanche, alors que Seydou Sanou est, lui, porté disparu depuis samedi », a précisé cette source. Par ailleurs, des dizaines d’officiers, dont l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie Evrard Somda, ont été arrêtés depuis plus d’un an, accusés de « complot » ou de « tentative de déstabilisation des institutions républicaines ».
13 commentaires
Ces incidents pourraient-ils affecter les relations internationales du pays ?
Probablement, surtout si les organisations de défense des droits de l’homme s’en mêlent.
Pourquoi les journalistes sont-ils parfois mobilisés de force pour combattre les djihadistes ?
Cette disparition inquiétante souligne les tensions persistantes au Burkina Faso, où la liberté de la presse est sous pression.
Le contexte sécuritaire complique encore la situation, avec les groupes djihadistes présents.
Exact, c’est un sujet préoccupant qui mérite une attention internationale.
Pourquoi les journalistes et magistrats sont-ils particulièrement ciblés dans ce contexte ?
Ils représentent souvent des voix critiques face au pouvoir en place.
Les médias privés burkinabés jouent un rôle crucial dans la couverture des événements du pays.
Leur indépendance est essentielle pour informer correctement le public.
La situation au Burkina Faso montre l’intersection complexe entre sécurité, répression et liberté d’expression.
La situation des droits de l’homme au Burkina Faso se détériore depuis le coup d’État de 2022.
En effet, les arrestations et disparitions semblent se multiplier.