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Le Congrès brésilien a approuvé, mercredi 17 décembre, une proposition de loi visant à réduire la peine de prison de l’ex-président Jair Bolsonaro, condamné en septembre à 27 ans de réclusion pour tentative de coup d’Etat.
Le texte, porté par la majorité conservatrice et adopté à 48 voix contre 25 par le Sénat, pourrait ramener la durée d’incarcération de l’ancien chef d’Etat à deux ans et quatre mois. Son approbation par la Chambre des députés la semaine précédente avait déjà suscité de vives critiques. Dimanche, des manifestations contre la mesure ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, ainsi que des artistes, dans plusieurs grandes villes du pays.
L’ancien dirigeant d’extrême droite (2019-2022) a commencé à purger sa peine fin novembre dans les locaux de la police fédérale à Brasilia. D’après les règles en vigueur actuellement, Jair Bolsonaro, 70 ans, pourrait rester incarcéré environ huit ans avant de bénéficier d’un éventuel aménagement de sa peine, selon le tribunal d’exécution des peines de la capitale brésilienne.
Le nouveau texte prévoit également d’accorder la liberté conditionnelle à des dizaines de ses partisans condamnés pour les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia. Ce jour-là, des milliers de bolsonaristes avaient saccagé le Parlement, le palais présidentiel et la Cour suprême, réclamant une intervention militaire pour déloger du pouvoir le président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, une semaine après son investiture.
Les émeutiers du 8 janvier 2023 concernés aussi
Le sénateur centriste Renan Calheiros a qualifié le vote de « farce » et quitté la séance, accusant les alliés du gouvernement d’avoir laissé passer le texte en échange d’un soutien à une initiative augmentant la fiscalité sur certaines entreprises. Le sénateur du Parti des travailleurs au pouvoir, Randolfe Rodrigues, a nié tout accord de ce type.
Au sein d’un Parlement à forte majorité conservatrice, les bolsonaristes tentent en vain depuis février de faire voter un texte permettant à Jair Bolsonaro de bénéficier d’une amnistie totale. Mais à l’approche des vacances parlementaires de fin d’année, ils ont estimé que la réduction de sa peine constituait « une première étape ».
La semaine dernière, la proposition de loi avait été approuvée par les députés à l’issue d’une séance houleuse. Le rapporteur de la proposition de loi à la chambre haute, Espiridao Amin, allié de Jair Bolsonaro, a modifié la formulation du texte pour que la réduction de peine ne concerne que les personnes condamnées « pour des crimes contre l’Etat de droit ». Cela inclut donc l’ancien président et ses proches collaborateurs condamnés pour tentative de coup d’Etat, ainsi que les émeutiers du 8 janvier 2023.
Un « geste de réconciliation »
L’entrée en vigueur d’une éventuelle réduction de peine pour Jair Bolsonaro pourrait être retardée si le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva décide de censurer le texte avant sa promulgation. « Ce texte est voué au veto », a déclaré aux journalistes le sénateur de gauche Randolfe Rodrigues, le qualifiant de « lamentable ». Toutefois, le Parlement aura le dernier mot et pourrait voter l’annulation du veto présidentiel.
Le rapporteur de la proposition de loi à la chambre basse, Paulinho da Força, a présenté la mesure comme un « geste de réconciliation » dans un pays fortement polarisé.
En septembre, à l’issue d’un procès historique, Jair Bolsonaro a été reconnu coupable par la Cour suprême d’être le leader d’une « organisation criminelle » ayant conspiré pour son maintien au pouvoir malgré sa défaite à la présidentielle de 2022. Selon l’accusation, ce projet putschiste, qui prévoyait même l’assassinat de Luiz Inacio Lula da Silva après son élection au second tour, a échoué faute de soutien du haut commandement militaire.




22 commentaires
Cette décision du Congrès brésilien est très controversée. Elle soulève des questions sur l’équité du système judiciaire face à des figures politiques influentes.
Les manifestations montrent que la société civile ne reste pas passive.
Effectivement, cela donne l’impression que certains bénéficient d’un traitement de faveur.
La réponse virulente de la population montre que la confiance dans les institutions est fragile. Comment retrouver un équilibre ?
Les manifestations pourraient être un premier pas vers une redéfinition du contrat social.
La réduction de peine de Bolsonaro pourrait pourtant être justifiée par son âge. Mais le contexte politique rend cette question très sensible.
L’âge est un facteur, mais les accusations sont graves et touchent à la démocratie.
La situation est complexe et démontre les défis de la justice dans un pays aux divisions profondes.
Un équilibre est nécessaire entre justice et stabilité, mais cela reste un casse-tête.
Les prochaines élections pourraient être un test pour la démocratie brésilienne.
Le Sénat a adopté le texte à une courte majorité. Cela en dit long sur les divisions politiques actuelles au Brésil.
Cette polarisation est très marquée et crée des tensions sociales.
Comment interpréter ces émeutes du 8 janvier 2023 ? Cela rappelle les troubles politiques récents dans d’autres pays.
Le lien entre les condamnations et ces événements est effectivement inquiétant.
Deux ans et quatre mois de prison pour des accusations aussi lourdes semble dérisoire. Cela renforce le sentiment d’impunité.
C’est une peccadille comparée à la peine initiale, ce qui est choquant.
La liberté conditionnelle pour ses partisans évolue-t-elle dans le même sens ? Cela semble incohérent.
Cette mesure pourrait effectivement être interprétée comme une clémence excessive.
Bolsonaro pourrait être libéré dans huit ans. À ce moment-là, son influence politique aura-t-elle diminué ?
C’est difficile à prédire, mais certaines figures politiques gardent leur pouvoir bien après leur mandat.
Comment cette décision affecte-t-elle l’image du Brésil à l’international ?
Les observateurs étrangers risquent de voir une certaine faiblesse institutionnelle.