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La célèbre marque brésilienne de tongs Havaianas fait l’objet d’un appel au boycott de personnalités politiques brésiliennes jugeant une publicité orientée contre la droite, alors que l’élection présidentielle se profile l’an prochain.
Dans une vidéo publiée sur le compte officiel de la marque sur Instagram, Fernanda Torres, l’actrice principale du film brésilien Je suis toujours là, lauréat de l’Oscar du meilleur film international en février, appelle le public à « ne pas commencer l’année 2026 du pied droit », mais « avec les deux pieds ». Au Brésil, actuellement dirigé par le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, « commencer l’année du pied droit » revient à dire « commencer l’année du bon pied ».
Tollé dans le camp conservateur, avec des réactions parfois virulentes, comme celle d’un des fils de Jair Bolsonaro, ancien président d’extrême droite qui purge actuellement une peine de vingt-sept ans de prison pour tentative de coup d’Etat. Dans une vidéo publiée sur Instagram, Eduardo Bolsonaro, installé aux Etats-Unis, jette à la poubelle une paire de claquettes noires Havaianas, reconnaissables aux lanières ornées d’un petit drapeau brésilien.
Havaianas « a déjà été un symbole national. J’ai vu beaucoup d’étrangers portant ce drapeau du Brésil aux pieds (…) Mais désolé, je jette le pied droit et le pied gauche à la poubelle », déclare celui qui vient de perdre son mandat de député pour avoir dépassé le nombre d’absences autorisées. « Havaianas a choisi son camp. La DROITE a choisi le boycott », a publié pour sa part sur X le député conservateur Rodrigo Valadares.
La députée de gauche, Duda Salabert, fustige des « attaques idiotes »
Des influenceurs clairement marqués à droite ont également réagi, comme Thiago Asmar, suivi par plus de 2 millions d’internautes sur Instagram, qui s’est filmé marchant pieds nus sur un trottoir brûlant. « Je me brûle les pieds sur l’asphalte, mais Havaianas, plus jamais », lance-t-il dans la légende d’une vidéo.
De nombreux internautes suggèrent d’acheter des tongs d’une autre marque, tandis que d’autres apparaissent sur des vidéos en train de couper les lanières de leurs Havaianas. Le groupe Alpargatas, dont la marque Havaianas fait partie, n’a pas répondu aux sollicitations de l’Agence France-Presse au sujet de ces critiques. La polémique a également suscité son lot de réactions à gauche, la députée travailliste Duda Salabert fustigeant des « attaques idiotes ».
Selon elle, l’appel au boycott menace des emplois dans sa région du Minas Gerais, située dans le sud-est du pays, où se trouve une des usines qui fabrique les tongs iconiques. Actrice engagée à gauche, Fernanda Torres a remporté le Golden Globe de la meilleure actrice et a été nominée aux Oscars pour son rôle dans Je suis toujours là. Ce long-métrage de Walter Salles retrace les années de plomb de la dictature militaire (1964-1985) ; une époque souvent évoquée avec nostalgie par le camp Bolsonaro.







21 commentaires
La phrase de Fernanda Torres est ambigüe. Est-ce vraiment une attaque contre la droite, ou juste une interprétationحسn{variable de certains groupes politiques ?
La perception dépend souvent du point de vue de chacun. Cela prouve que tout peut être mal interprété dans un climat tendu.
Le boycott des Havaianas pourrait-il vraiment influencer les ventes ? Difficile à dire, surtout dans un contexte où les marques sont de plus en plus ciblées pour leurs positions.
Les consommateurs sont de plus en plus attentifs aux messages des marques, surtout dans un pays aussi polarisé politiquement.
La réaction des Bolsonaro montre à quel point la politique brésilienne est tendue. Jeter des tongs est un geste symbolique, mais cela révèle des tensions profondes.
oui, c’est un signe clair de la fragmentation de la société brésilienne.
Les réactions excessives à ce genre de campagnes publicitaires montrent que le débat politique au Brésil est souvent plus émotionnel que rationnel.
Malheureusement, c’est souvent le cas. Les réseaux sociaux amplifient les tensions et les malentendus.
Intéressant de voir comment une simple campagne publicitaire peut déclencher des divisions politiques au Brésil. C’est un bon exemple de l’impact des médias sur l’opinion publique.
Je pense que Havaianas était peut-être inconscient de la portée politique de leur message.
Tout à fait. Les marques doivent parfois marcher sur des œufs quand elles s’engagent dans des messages perçus comme partisans.
Les boycotts semblent devenir de plus en plus fréquents. On devrait peut-être s’habituer à ce genre de controverses.
C’est le prix à payer pour une société de plus en plus divisée sur les réseaux sociaux.
Ce qui est intéressant, c’est de voir comment une simple phrase peut être interprétée de différentes manières selon l’appartenance politique.
C’est un exemple parfait de la subjectivité qui règne dans les débats politiques actuels.
Je ne comprends pas pourquoi une marque de tongs devrait se mêler de politique. Leur objectif devrait être de vendre, pas de diviser.
Les marques ont parfois des responsabilités sociétales qui les poussent à prendre position, pour le meilleur ou pour le pire.
Je trouve fascinant de voir comment une marque aussi populaire peut devenir l’objet d’un débat politique. Cela montre que même les produits du quotidien peuvent être politisés.
C’est vrai, surtout pendant les périodes préélectorales. Les marques doivent redoubler de prudence.
Le fait que même une marque aussi traditionnelle que Havaianas soit touchée par ce débat montre à quel point la polarization politique est forte au Brésil.
C’est le cas dans beaucoup de pays. La politique s’immisce dans tous les aspects de la vie quotidienne.