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De nombreux Australiens ont observé une minute de silence et allumé des bougies, dimanche 21 décembre, en hommage aux 15 victimes de la tuerie antisémite commise par deux hommes contre les participants à une fête juive sur une plage emblématique de Sydney il y a une semaine.
Des pubs bruyants des grandes villes aux bourgades rurales tranquilles, l’Australie s’est recueillie, une semaine exactement après le premier signalement des tirs à 18 h 47 (8 h 47, heure de Paris) dimanche 14 décembre. D’innombrables foyers ont placé des bougies sur le rebord de leurs fenêtres, invités par les autorités à faire place à « la lumière contre les ténèbres ».
Les drapeaux ont été mis en berne à travers le pays, y compris sur le pont du port de Sydney. Un petit avion est passé dimanche au-dessus de la plage endeuillée de Bondi avec un message de solidarité avec « notre communauté juive ».
Au crépuscule, environ 20 000 personnes étaient réunies sur le rivage de la plage de Bondi, selon les organisateurs. « Bondi est avec nous, Sydney est avec nous, l’Australie est avec nous et le monde est avec nous », a déclaré le rabbin Yehoram Ulman avant de lire les noms des 15 victimes. Des ambulanciers, des policiers et les parents des victimes ont ensuite été invités à allumer les branches d’un chandelier utilisé dans la tradition juive, la ménorah.
Des images télévisées ont montré la police encerclant un homme qui criait « [vous avez] du sang sur vos mains » à l’arrivée du premier ministre Anthony Albanese à la cérémonie, et certaines personnes dans la foule ont hué lorsque sa présence a été annoncée. M. Albanese, qui portait une kippa, n’a pas pris la parole lors de la commémoration.
Beaucoup d’Australiens ont déjà rendu hommage aux victimes à leur façon. Vendredi, des centaines de surfeurs et de nageurs se sont rassemblés pour un hommage sur cette plage, emblématique du mode de vie australien, formant un cercle géant dans les vagues. Samedi, des sauveteurs en mer ont à leur tour observé trois minutes de silence.
Pour David Ossip, président d’une association locale juive, « la semaine dernière, notre innocence a été volée et, tout comme l’herbe ici à Bondi a été souillée de sang, notre nation a elle aussi été souillée ». Si la dernière génération d’Australiens avait grandi avec la conviction que les fusillades ne concernaient pas le pays, cette illusion s’est fracassée.
Les deux assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed Akram, ont ouvert le feu dimanche dernier contre un rassemblement pour la fête juive de Hanoukka sur la plage de Bondi. Selon les autorités, l’attentat était motivé par l’idéologie du groupe djihadiste Etat islamique. Le père, âgé de 50 ans vivait en Australie depuis 1998, date à laquelle il avait obtenu un visa ; son fils y est né il y a vingt-quatre ans. Le père a été tué sur place, tandis que le fils, grièvement blessé par la police, est hospitalisé et a été inculpé pour terrorisme et 15 meurtres.
Un audit sur le fonctionnement de la police
Le premier ministre a annoncé dimanche avoir ordonné un audit du fonctionnement de la police et du renseignement après l’attentat « pour protéger les Australiens ». « L’atrocité inspirée par l’Etat islamique dimanche dernier montre l’évolution rapide du contexte de sécurité dans notre pays, a-t-il déclaré. Nos agences de sécurité doivent être en mesure d’y répondre de la meilleure façon possible. »
Naveed Akram, le fils, avait été interrogé par le renseignement australien en 2019 pour potentielle radicalisation, mais les autorités ont jugé alors qu’il ne constituait pas une menace. Son père avait également été interrogé, mais avait réussi à obtenir un permis de port d’armes lui permettant de posséder six fusils. Le gouvernement a annoncé un renforcement des lois contre l’extrémisme et sur la détention d’armes.
Plus généralement, la tuerie a forcé le pays à remettre en question sa politique de lutte contre l’antisémitisme, et à constater son échec à protéger les Australiens juifs. De nombreux membres de la communauté juive ont critiqué le gouvernement travailliste, estimant que leur cri d’alarme face à la montée de l’antisémitisme depuis le 7-Octobre n’a pas été pris en compte.
Pour le rabbin Yossi Friedman, « le message était clair depuis un peu plus de deux ans ». « Est-ce que nous nous sentons en sécurité ? Pour être honnête, pas vraiment. » Une série d’obsèques ont été organisées cette semaine par les familles, dont celles, particulièrement poignantes, de la petite Matilda, 10 ans.
Une équipe d’enquêteurs de la police et des renseignements se penche à présent sur les déplacements et les contacts des deux suspects, notamment un voyage qu’ils ont effectué dans le sud des Philippines quelques semaines avant l’attaque. « Nous allons identifier les méthodes, les moyens et les connexions de ces criminels présumés afin de déterminer avec qui ils ont communiqué avant l’attaque », a déclaré Krissy Barrett, la cheffe de la police fédérale australienne.
Interrogé dimanche sur la question de savoir si l’attaque aurait pu être évitée, Chris Minns, le premier ministre des Nouvelle-Galles du Sud, où se trouve Sydney, a répondu : « Je ne sais pas. C’est quelque chose qui m’empêche de dormir la nuit et qui me préoccupe beaucoup. »






6 commentaires
Quel événement tragique pour l’Australie. J’espère que la communauté juive de Sydney trouvera du réconfort dans ce soutien massif.
Je me demande quelles mesures de sécurité vont être mises en place pour éviter de tels drames à l’avenir.
Un acte horrible qui frappe au cœur d’une célébration joyeuse. Nos pensées vont aux familles des victimes.
Le message sur le pont de Sydney est poignant. La solidarité dans l’adversité est un message fort.
Savoir que le monde entier se souvient après une semaine est une lueur d’espoir dans cette sombre période.
C’est bouleversant de voir l’unité nationale autour de cette tragédie. J’admire la résilience du peuple australien.