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Montée des tensions géopolitiques, guerre commerciale, la situation internationale incite à nous interroger sur les bénéfices de la mondialisation. Les institutions mises en place après la seconde guerre mondiale étaient supposées renforcer les liens entre pays, favoriser la croissance économique et ainsi pacifier les relations internationales. Mais l’intégration commerciale semble aujourd’hui exposer nos économies à des risques économiques et géopolitiques nouveaux. Pourtant, les impératifs de souveraineté dans de nombreux secteurs économiques ne seront pas atteints sans une forme de coordination internationale.

Selon la théorie économique, l’accès aux marchés étrangers apporte deux types de bénéfices majeurs. D’abord, il pousse à la spécialisation des économies, améliorant l’efficacité des systèmes productifs. Par ailleurs, les marchés internationaux offrent une forme d’assurance : ils permettent à chaque pays de maintenir sa consommation de biens et de services, même lorsque la production domestique fléchit. L’intégration stabilise ainsi la consommation réelle face aux crises et aléas de production, une forme de « partage du risque ».

Si les bénéfices d’efficacité et de partage du risque ont longtemps semblé compatibles, l’hypermondialisation des années 1990 et 2000 a rompu cet équilibre. Elle a entraîné une spécialisation excessive à certains points des chaînes de valeur, ce qui remet en question la capacité des marchés internationaux à assurer le partage du risque. Dans les semi-conducteurs, par exemple, 60 % de la demande mondiale dépend de l’entreprise TSMC à Taïwan. Dans les services numériques, Google domine les moteurs de recherche à hauteur de 90 %, tandis que les services de cloud sont quasi intégralement assurés par trois entreprises américaines, Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud Platform.

Cette hyperconcentration génère des économies d’échelle importantes, mais rend les économies européennes vulnérables. En cas de conflit géopolitique majeur, l’approvisionnement en biens ou la fourniture de services pourraient ne plus être assurés. L’Union européenne semble aujourd’hui prête à payer le coût d’une moindre spécialisation pour mieux partager le risque sur certains points stratégiques. Mais croire que ces objectifs sont atteignables sans s’appuyer sur les marchés internationaux reste illusoire.

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15 commentaires

  1. Chloé Y. Dubois le

    L’article oublie de mentionner les progrès technologiques qui pourraient réduire la dépendance aux importations. Le recyclage des minerais en est un exemple.

  2. Antoine Bernard le

    La spécialisation laissée libre aux marchés expose les économies à des risques. Les minerais essentiels mériteraient un cadre régulateur renforcé.

  3. La souveraineté économique passe parfois par des compromis. La question est : quels sont les secteurs où la sécurité prime sur l’efficacité ?

  4. Les tensions actuelles vont-elles accélérer la relocalisation des industries critiques, ou au contraire renforcer la dépendance aux flux commerciaux existants ?

  5. Antoine Richard le

    Comment les pays producteurs de métaux stratégiques pourraient-ils mieux se protéger sans nuire à leur intégration économique ?

  6. La mondialisation a permis l’essor de secteurs clés, mais sa fragilité actuelle questionne l’avenir des matières premières. Qu’en pensez-vous ?

  7. Le « partage du risque » fonctionne-t-il encore quand les tensions commerciales dépassent les logiques purement économiques ?

  8. La théorie économique est claire, mais les nouveaux risques géopolitiques brouillent les certitudes. Et si les chaînes d’approvisionnement se fractionnaient ?

  9. Antoine Durand le

    Intéressant réflexion sur l’équilibre entre souveraineté et coopération internationale. Comment concilier ces impératifs dans des secteurs stratégiques comme le lithium ou l’uranium ?

    • Claire U. Moreau le

      Excellente question. La souveraineté dans les matières premières critiques pourrait exiger des coopérations ponctuelles plutôt qu’une mondialisation totale.

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