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Il s’agit d’un nouveau revers pour le président argentin, Javier Milei. Le Parlement argentin a rejeté jeudi 2 octobre deux veto que le leader d’extrême droite avait opposés à des textes prévoyant des augmentations de financements pour l’université publique et un hôpital pédiatrique.

Ce double camouflet, qui n’est pas le premier, intervient dans un moment déjà difficile pour le chef de l’Etat, alors que l’économie argentine travers d’importantes turbulences. Le peso est sous pression, dans la perspective de législatives de mi-mandat le 26 octobre.

L’administration américaine de Donald Trump, allié idéologique de Milei, s’est dit prête jeudi à voler une nouvelle fois au secours de l’économie argentine, la troisième d’Amérique du Sud. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a souligné « l’importance de la réussite des politiques économiques du président Milei », assurant que « le Trésor américain était pleinement prêt à faire le nécessaire ». Il a ajouté qu’il rencontrera son homologue argentin, Luis Caputo, « dans les prochains jours à Washington » pour faire avancer leurs « discussions concernant les modalités de soutien financier ».

Fin septembre, M. Bessent avait évoqué un possible échange de devises avec l’Argentine pouvant atteindre 20 milliards de dollars, voire des facilités de crédit, ou un rachat de titres de la dette argentine.

Le Sénat, imitant la Chambre des députés en septembre, a rejeté par une large majorité des veto que M. Milei avait mis sur deux textes, invoquant l’impératif d’équilibre budgétaire : l’un prévoit une dotation accrue pour l’université afin de rattraper en partie l’inflation depuis 2023 et d’augmenter les salaires ; l’autre concerne le plus grand hôpital pédiatrique du pays, le Garrahan de Buenos Aires, au nom de « l’urgence pédiatrique ».

Un autre veto présidentiel retoqué en septembre

« Milei ne parle jamais de santé ni d’éducation. Jamais. Il parle de risque-pays, de risque monétaire », a lancé lors du débat le sénateur radical (opposition de centre-droit) Martin Lousteau. De son côté, Ezequiel Atauche, du parti présidentiel La Libertad Avanza, a accusé l’opposition kirchnériste (centre-gauche) « d’utiliser la cause noble de la santé à des fins électorales ».

A l’extérieur du Parlement, une grosse centaine de manifestants, hospitaliers, enseignants, ont salué par des cris de joie et applaudissements le vote des sénateurs, qu’ils suivaient en direct, a constaté l’Agence France-Presse (AFP).

Début septembre, le Parlement avait déjà retoqué un veto présidentiel à une loi augmentant les allocations pour le handicap.

L’exécutif avait été contraint de promulguer la loi, mais a utilisé une disposition qui lui permet de renvoyer le texte au Parlement, en lui demandant de trouver les financements, avant qu’elle soit exécutée. Une sorte de sursis à exécution qu’il pourrait de nouveau employer pour les deux textes que le Sénat a définitivement approuvés jeudi.

Ce bras de fer illustre une difficulté de la présidence Milei : son petit parti LLA, très minoritaire aux deux Chambres, a besoin d’alliances. Mais son style offensif, voire insultant, les a rendues de plus en plus hypothétiques.

L’inconnue des législatives d’octobre

M. Milei cherchera donc à accroître sa base parlementaire lors de l’élection du 26 octobre, qui renouvellera la moitié des députés, et un tiers du Sénat. « On va poser les bases d’une gouvernance viable, pour être en mesure de mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires » à la prochaine législature, a assuré mercredi un Milei au ton plus conciliant depuis quelques semaines.

La claque électorale du 7 septembre de son parti lors d’un scrutin régional majeur dans la province de Buenos Aires a été perçue comme test. Pourtant, ce scrutin reste ouvert. Les enquêtes montrent que le parti de Milei, allié à la droite classique, serait défait dans la province de Buenos Aires, mais au coude-à-coude au niveau national, autour de 40 %.

« Il n’y a aucune chance que le gouvernement conquière une majorité à la Chambre des députés, mais il pourrait obtenir un tiers de députés “à lui”, autour de 86 », contre moins de 40 actuellement (sur 257), estime le politologue Gustavo Marangoni.

Assez pour rassurer les marchés ? Après avoir dévissé en août-septembre, jusqu’à 1 515 pesos pour un dollar, la monnaie argentine s’était ragaillardie, à 1 360, à la suite des annonces de MM. Trump et Bessent, puis a de nouveau flanché ces jours-ci, à 1 450 pesos pour un dollar mercredi. « Il s’agit de tenir, passer cet enfer qu’est une année électorale », a commenté Javier Milei.

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