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La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a riposté a des critiques sur certaines dépenses liées à son mandat, jeudi 2 octobre, en publiant un état des lieux détaillé des indemnités versées à ses élus, ainsi que les frais de représentation des maires d’arrondissements.
L’édile socialiste a annoncé porter plainte le 19 septembre pour « dénonciations calomnieuses » après la révélation par Mediapart de ses frais de déplacement et de représentation, qui s’élèvent à au moins 75 000 euros sur quatre ans en frais, notamment vestimentaires, dans le respect du plafond légal.
Le maire socialiste du 18e arrondissement Eric Lejoindre, dont elle est proche, a également été épinglé jeudi, tandis que le journal Libération a épluché les notes de frais des 17 maires d’arrondissements, de droite comme de gauche.
Si les journalistes Damien Dole et Laurent Léger écrivent que « les règles établies en 2019 par l’équipe municipale, en liaison avec la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique semblent respectées », leur examen des factures fait ressortir plusieurs exemples de dépenses – « repas dans les grandes tables parisiennes, apéritifs au champagne, dépenses en chocolats, mais aussi caisses de champagne, menus enfant, bougies antiodeurs de tabac et livres » – dont le lien direct avec le mandat des édiles n’est pas établi.
« Menus enfant »
Rappelant que le budget annuel de la capitale dépasse les 11 milliards d’euros en 2025 et que la maire exerce « une fonction de représentation nationale et internationale », la Ville a souligné, selon l’Agence France-Presse, que les indemnités des élus locaux « sont fixées par délibérations de l’assemblée élue » et encadrées par le code général des collectivités territoriales.
Le plafond général pour la maire et les membres du Conseil de Paris qui cumulent d’autres indemnités électives est fixé à 8 897,93 euros brut mensuels, rappelle-t-elle dans un communiqué. Les frais de représentation, strictement encadrés depuis l’élection de l’ex-maire PS Bertrand Delanoé en 2001, sont plafonnés à 19 720 euros pour la maire de Paris et à 11 092 euros pour les maires d’arrondissement.
Ces derniers doivent rembourser la partie de l’enveloppe qu’ils n’ont pas dépensé chaque année. Selon Libération, par exemple, le maire du XVe arrondissement, Philippe Goujon, a restitué 654 euros sur les 49 605 euros qui lui ont été alloués entre 2020 et 2024. Rachida Dati, la maire du VIIe arrondissement a, de son côté, remis à la Ville quasiment l’intégralité de son enveloppe à l’exception de trois dépenses de moins de 200 euros en 2020 et en 2021.
« Depuis 2001, ces frais ont baissé de quasiment 10 000 euros » pour le maire, a souligné en conférence de presse Patrick Bloche, le premier adjoint, faisant valoir leur rôle de « garde-fou contre la corruption ». Un mémento élaboré par la Commission de déontologie de la ville de Paris précise les conditions d’utilisation de ces frais, souligne la mairie.
Eric Lejoindre a été interpellé en conseil d’arrondissement sur des remboursements de repas avec « menus enfant », ont souligné les élus LR du groupe de Rachida Dati au Conseil de Paris. Le maire du 18e arrondissement, également directeur de campagne du candidat PS aux municipales Emmanuel Grégoire, a déploré dans Le Parisien une « tentative de diversion de la droite parisienne », alors que la candidate des LR sera jugée pour corruption en septembre 2026, six mois après les municipales.
11 commentaires
La plainte pour dénonciations calomnieuses montre une réaction défensive. Peut-être aurait-il été plus sage de justifier a priori les dépenses contestables plutôt que de publier tout de suite un bilan global.
Effectivement, une communication plus proactive aurait pu éviter cette polémique.
Cette publication des notes de frais montre un réel effort de transparence, mais elle soulève aussi des questions sur l’usage optimal de l’argent public. Pourquoi des dépenses aussi somptuaires?
Les élus doivent parfois représenter la ville dans des événements prestigieux, mais il est vrai que certaines justefications paraissent légères.
Je trouve positif que la mairie de Paris rende compte de ses dépenses, mais certaines factures semblent effectivement dispensables. La transparence est une bonne chose, mais l’austérité aussi.
C’est un équilibre difficile à trouver, entre représentants officiels et gestion rigoureuse.
Intéressant de voir que les règles de transparence semblent respectées, mais certaines dépenses sont tout de même surprenantes. Est-ce vraiment nécessaire de dépenser autant pour le champagne et le chocolat?
Les frais de représentation font partie intégrante de la vie politique, mais effectivement, certains montants peuvent choquer.
Il serait utile d’avoir plus de détails sur le contexte de ces dépenses. Tout n’est pas forcément superflu.
Les 75 000 euros sur quatre ans pour les frais de déplacement et représentation me semblent élevés, même en respectant le plafond légal. Certains exemples cités sont discutables.
Il faut peut-être relativiser : 75 000 euros sur quatre ans, cela reste une fraction minuscule du budget municipal.