Listen to the article
En juillet 2022, le groupe écologiste au Parlement européen commandait un rapport sur la capacité du système juridique français à résister à un potentiel « choc autoritaire ». Passant la France au « stress test autocratique », les professeurs de droit et juristes missionnés livraient un constat sans appel : notre pays est particulièrement mal préparé à affronter un processus de démantèlement des contre-pouvoirs engagé par une majorité autoritaire.
Ce rapport alarmant aurait dû provoquer un sursaut. Il fut, au contraire, relégué dans l’oubli, sans que nul cherche à en tirer des conclusions tant qu’il en est encore temps. Alors que l’extrême droite n’a jamais été aussi proche d’accéder au pouvoir, il est urgent que les parlementaires s’accordent pour ériger plusieurs garde-fous avant la présidentielle de 2027, au premier rang desquels la constitutionnalisation de l’indépendance du parquet. A défaut, nous risquons d’emprunter le même chemin que la Hongrie de Viktor Orban ou la Pologne de Jaroslaw Kaczynski.
Si l’indépendance des magistrats du siège est, en France, théoriquement garantie et effectivement assurée – malgré les charges récentes, parfois virulentes, contre certaines décisions médiatisées –, il n’en va pas de même pour les magistrats du parquet. Chargés, au nom de la société française, d’engager les poursuites contre les infractions à la loi pénale, ces magistrats – procureurs, procureurs adjoints et substituts – ne sont pas indépendants du gouvernement. La Cour européenne des droits de l’homme l’a rappelé à plusieurs reprises, notamment lors de deux arrêts de 2010 [Medvedyev et Moulin], jugeant qu’ils ne pouvaient être considérés comme de véritables « autorités judiciaires » faute de garanties d’indépendance et d’impartialité suffisantes. Leur dépendance fut longtemps double : dans leur nomination et leur carrière mais aussi dans les consignes que l’exécutif pouvait autrefois leur adresser directement.
Dangereuse politique
Il vous reste 67.82% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.










15 commentaires
Si même nos spécialistes du droit sont alarmistes, il y a de quoi s’inquiéter. L’extrême droite a toujours eu des tendances anti-institutionnelles.
Malheureusement, l’histoire le prouve à plusieurs reprises.
Ce rapport montre clairement les failles de notre système judiciaire face à une montée en puissance de l’extrême droite. Il est crucial d’agir dès maintenant pour éviter un glissement vers l’autoritarisme.
Vraiment, mais comment s’y prendre concrètement ? Des propositions ont-elles été faites ?
Je me demande quelle serait la première mesure qu’un gouvernement d’extrême droite prendrait pour affaiblir la justice.
Ce qui est inquiétant, c’est que ce rapport ait été ignoré. Cela montre un manque de vision à long terme de nos dirigeants.
Ou une volonté de ne pas affronter les réalités politiques.
La comparaison avec la Hongrie et la Pologne est frappante. Nous devrions prendre ce signal d’alarme très au sérieux.
C’est vrai, mais est-ce que les Français sont vraiment conscients de ce qui se passe ailleurs en Europe ?
Pourquoi attendre 2027 ? Si le danger est aussi imminent, ne devrait-on pas agir immédiatement ? Les promesses politiques ne suffisent pas.
Parce que les changements constitutionnels prennent du temps, mais oui, il ne faut pas traîner.
La constitutionnalisation de l’indépendance du parquet est une étape nécessaire, mais doit-on vraiment attendre une crise pour agir ?
Ce débat est essentiel, mais j’espère qu’il ne sert pas juste à diviser la population. Il faut des solutions concrètes.
L’indépendance du parquet n’est pas à prendre à la légère. L’histoire nous montre que les régimes autoritaires commencent souvent par affaiblir les institutions judiciaires.
Exactement. Et c’est souvent le premier pas vers une dérive dictatoriale.