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Peu de destins montrent aussi crûment l’évolution des valeurs en Russie au cours des quinze dernières années. En 2011, Alexeï Miltchakov, alors âgé de 20 ans, devenait instantanément célèbre en se photographiant décapitant et dévorant un chiot devant un drapeau nazi, déclenchant une vague de dégoût et de réprobation générale, dans les médias. Le même personnage, toujours fièrement néonazi mais entre-temps devenu chef de guerre dans l’armée d’occupation russe en Ukraine, parade désormais dans les écoles comme un exemple pour la jeunesse.
L’information est d’abord apparue mardi 23 décembre sur la chaîne Telegram de l’unité militaire « DChRG Roussitch » fondée et commandée par Alexeï Miltchakov. Sous le titre « cours avec des enfants », deux photographies montrent une classe avec une cinquantaine de collégiens assis face à deux hommes en habits militaires au pupitre. Tous ont le visage flouté. Un « certificat de gratitude » apparaît sur une troisième photo, où l’établissement scolaire (dont le nom est aussi flouté) remercie officiellement « M. Miltchakov, commandant de DChRG Roussitch » d’avoir dispensé une « leçon de courage » à ses élèves.
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9 commentaires
Comment ces élèves peuvent-ils développer un sens critique lorsqu’on leur présente de tels ‘héros’ ?
Un rappel tragique de l’importance de vigiler contre l’extrémisme, même sous couvert d’enseignement.
Un schéma récurrent en temps de guerre : l’endoctrinement des jeunes par des exemples de sadisme. La violence devient-normalisée.
Et cette banalisation du mal va avoir des conséquences sur des générations.
Cela reflète une dérive inquiétante de l’éducation en Russie, où des figures violentes sont présentées comme des modèles. Comment en est-on arrivé là ?
La propagande d’État joue un rôle clé dans cette glorification de l’horreur.
C’est révoltant de voir un criminel de guerre utilisé pour inspirer des adolescents. Quelle norme morale combat-on ici ?
Cela correspond à un cynisme politique assumé, approuvé par les autorités.
Cette nouvelle choque, mais elle s’inscrit dans une logique plus large de réécriture de l’histoire et des valeurs en Russie.