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L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) continue d’agiter la scène politique française. Mercredi 17 décembre, devant l’Assemblée nationale, le premier ministre, Sébastien Lecornu, a mis en garde la Commission européenne.
Si elle « souhaite passer en force en cette fin de semaine » pour signer le traité commercial « et aller au vote, la France votera contre » cet accord, a-t-il averti. Plus tôt, le président de la République, Emmanuel Macron, avait assuré, en conseil des ministres, que « la France s’opposerait de manière très ferme » s’il y avait « une volonté de passage en force de la part des instances européennes » sur cet accord, selon la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.
Le bras de fer avec Bruxelles s’inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l’Hexagone contre la gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse, qui a entraîné le blocage de plusieurs axes routiers et ferroviaires.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi 20 décembre dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Cependant, elle a besoin de l’aval d’une majorité qualifiée d’Etats membres à Bruxelles.
Soutien de l’Italie
Une signature dans les prochains jours est « prématurée », a lâché Giorgia Meloni à la veille d’un sommet européen à Bruxelles. La cheffe du gouvernement italien veut d’abord des garanties « suffisantes » pour le secteur agricole et se dit « convaincue qu’au début de l’année prochaine toutes ces conditions seront réunies ».
Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n’a cessé de marteler ces derniers jours qu’une signature était indispensable avant la fin de l’année, pour la « crédibilité » de l’Union européenne et pour ne pas contrarier les partenaires latino-américains. Prudent, l’exécutif européen veut encore y croire. « Les chefs d’Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen » ce jeudi, a expliqué à l’Agence France-Presse, Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne.
Au Brésil, le président, Luiz Inacio Lula da Silva, espère encore une « bonne nouvelle » et a appelé Emmanuel Macron et Giorgia Meloni à assumer « leurs responsabilités », pour ne pas empêcher un accord. Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l’Italie peut former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept qui empêcherait un examen de l’accord, négocié depuis vingt-cinq ans.
De son côté, le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d’exercer une pression « intensive » sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas « chipoter » avec les grands traités commerciaux. Avant de s’envoler pour Bruxelles, M. Merz a déclaré devant les députés allemands que « la capacité d’action de l’Union européenne se mesurait également à sa capacité, après vingt-six ans de négociations, à enfin conclure cet accord commercial ».










15 commentaires
Un accord commercial en jeu mais les préoccupations sanitaires et environnementales restent prioritaires.
Exact, l’équilibre entre commerce et durabilité est crucial.
La mobilisation agricole actuelle pourrait-elle influencer d’autres pays européens ?
C’est une possibilité, si les enjeux deviennent plus visibles.
La France semble déterminée à défendre ses positions, même au prix de tensions politiques.
Cela montre une volonté ferme de protéger ses intérêts.
Les tensions autour de cet accord UE-Mercosur montrent à quel point les enjeux agricoles sont sensibles en France.
Tout à fait, les producteurs locaux craignent une concurrence déloyale.
La position de la France risque de compliquer les relations avec l’UE, notamment sur les questions agricoles.
Oui, cela pourrait créer des tensions diplomatiques.
Cet accord semble prioriser les intérêts économiques au détriment des standards sanitaires.
C’est effectivement un risque à ne pas sous-estimer.
Les économies des pays du Mercosur en ont bien besoin, mais la France refuse de faire des concessions.
Pourquoi les instances européennes semblent-elles ignorer les inquiétudes des agriculteurs français ?
Une question légitime, surtout dans un contexte de crise sanitaire.