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Depuis la gare de Pessac – sept minutes en TER de Bordeaux-Saint-Jean, direction Arcachon –, il faut marcher vingt minutes le long de maisons ombragées pour découvrir un objet de plus en plus rare : un grand ensemble des années 1970 dont le plan général est resté intact. Huit tours d’habitation, face brune, face blanche, un assortiment de bâtiments bas, en forme de S, d’autres carrés, des balcons et des arbres partout.
Jean Dubuisson (1914-2011), architecte-clé des « trente glorieuses », a réalisé dans la commune girondine, au début des années 1970, une œuvre majeure. Deux écoles, une bibliothèque, un centre social, des parkings, un petit centre commercial complètent les quelque 2 000 logements, sociaux pour la plupart. Le tout forme le quartier de Saige, un de ceux dits « prioritaires ». Le tram et la rocade le desservent, le campus universitaire et le centre hospitalier de Bordeaux sont à deux pas.
Rien n’était innocent dans le choix d’inscrire la tour numéro 8, la plus centrale, dans la consultation internationale « Quartiers de demain », compétition d’architecture et d’urbanisme voulue par l’Elysée, pilotée par le groupement d’intérêt public L’Europe des projets architecturaux et urbains – une émanation des ministères de la culture et du logement – et dont les lauréats ont été annoncés mardi 2 décembre, à la Cité de l’architecture à Paris. Imaginons le futur des banlieues avec des « réponses novatrices en matière de neutralité carbone », en valorisant « le déjà-là », en tenant compte des réalités sociales, était-il proclamé en 2023.
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13 commentaires
Ces quartiers « prioritaires » ont souvent besoin d’investissements. Espérons que ce concours apportera des solutions concrètes.
C’est l’objectif, même si les réalisations prennent souvent plus de temps que prévu.
Jean Dubuisson était un architecte visionnaire. Dommage que ces projets ne soient pas plus mis en valeur aujourd’hui.
Exact, son influence sur l’urbanisme français est souvent sous-estimée.
Ces tours de Jean Dubuisson méritent vraiment une place dans ce concours. Elles représentent une époque architecturale fascinante.
Tout à fait, mais leur rénovation serait un défi complexe.
J’espère qu’elles pourront conserver leur authenticité.
Je ne suis pas convaincu que moderniser ces tours soit la meilleure solution. Leur valeur réside dans leur intégrité historique.
C’est un point fort de ce débat. L’équilibre entre modernité et patrimoine est délicat.
Les logements sociaux ont besoin de ce genre d’attention pour rester viables et attractifs. Les habitants seront-ils consultés ?
C’est une étape essentielle pour éviter les erreurs du passé.
Intéressant de voir comment ces anciens grands ensembles peuvent être repensés pour l’avenir. L’architecture doit-elle toujours détruire pour être innovante ?
Une question pertinente. La préservation et l’adaptation sont parfois plus judicieuses.