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A 33 ans, Clarisse Abgnégnou est une femme de défi. Médaillée olympique pour la troisième fois à Paris en 2024, seulement deux ans après la naissance de son premier enfant, la judoka a, officiellement, annoncé sa deuxième grossesse, dimanche 9 novembre, sur ses réseaux sociaux. « Après avoir pris soin de garder le secret… Il est temps de partager ce bonheur avec vous. Bébé 2 arrive en 2026, a-t-elle écrit. La naissance est prévue pour le mois de mars. »

Cet heureux événement ne change rien à son ambition de disputer ses quatrièmes Jeux olympiques consécutifs, dans trois ans à Los Angeles. Cette annonce n’a rien d’une surprise puisqu’elle avait déjà fait part de son désir d’avoir un deuxième enfant.

La championne olympique 2021 avait écourté sa saison pour pouvoir se consacrer à ce projet familial, ne disputant que les championnats d’Europe, en avril. La sextuple championne du monde avait fait l’impasse sur les Mondiaux en juin.

Interrogée par Le Monde quelques jours avant qu’elle n’aille décrocher en Croatie un titre de vice-championne d’Europe, elle expliquait réaliser « les difficultés qu’une grossesse représente » tout en assumant ses choix : « Lors d’une première grossesse, on n’a pas certaines craintes, car on ne sait pas à quoi s’attendre. D’un côté, je me dis que je vais souffrir à nouveau, voire plus. De l’autre, je me dis qu’avoir un enfant est un bienfait pour ma tête et mon corps. »

A 29 ans, en juin 2022, Clarisse Agbégnénou avait donné naissance à une petite fille, prénommée Athéna. Elle reprenait l’entraînement physique pendant l’été. En septembre, elle combattait à l’entraînement. En novembre, cinq mois après la fin de sa grossesse, elle disputait une compétition avec son club. « Je ne voulais pas m’imposer de date. Je l’ai fait au ressenti, étape par étape », expliquait-elle, après quelques mois de recul.

« Je veux montrer que le chemin est possible »

Investie à cent pour cent dans sa maternité, la championne avait fait le choix d’allaiter sa petite fille. Pionnière, elle avait aussi réussi à obtenir des aménagements nécessaires à son statut de sportive de haut niveau et de maman. Elle avait notamment été autorisée à amener Athéna lors de toutes ses compétitions.

Pendant les JO, le comité olympique français avait trouvé une solution pour contourner le règlement du CIO qui interdisait la présence d’un enfant au village des athlètes. La judoka et sa petite fille avaient été logées dans un hôtel, à proximité du site de la compétition.

Malgré ces avancées en faveur du droit des sportives à concilier leur carrière avec leur maternité, le retour sur les tatamis de Clarisse Agbégnénou n’avait pas été une sinécure. Pendant deux ans, le plus grand palmarès du judo féminin français avait travaillé d’arrache-pied pour revenir au plus haut niveau. Elle avait connu des hauts et des bas. En mai 2023, onze mois après son accouchement, elle réussissait l’exploit de conquérir un sixième titre mondial.

En revanche, « trop fatiguée », elle avait chuté, en novembre 2023 à Montpellier, lors des repêchages des championnats d’Europe. En mai 2024, elle était battue en quart de finale des Mondiaux, malgré un état de forme plutôt rassurant.

« Je teste mes limites en tant que sportive, femme et maman. Même si je n’arrive pas à avoir la médaille que j’espère, je veux montrer que le chemin est possible », décrivait-elle lors d’un entretien au Monde, le 18 avril 2024. A un mois des JO 2024, lors d’un point presse, elle ne cachait pas ses doutes : « Mon physique était totalement différent [après la grossesse et l’accouchement], ça a été dur. Je me suis dit, parfois, que j’avais peut-être visé trop haut. »

Son abnégation avait suscité l’admiration de ses rivales. « Avoir un bébé et revenir au niveau où elle est en ce moment, c’est incroyable. Voyager avec son enfant, continuer à allaiter durant les pertes de poids, je ne le ferai jamais », glissait la Canadienne Catherine Beauchemin-Pinard, tombeuse de la Française en quart de finale des Mondiaux 2024.

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6 commentaires

  1. Antoine Moreau le

    Enceinte à nouveau si peu de temps après une médaille, bravo pour son engagement familial tout en préparant les JO. Un vrai modèle de détermination.

  2. Nouvelle incroyable pour Clarisse Agbégnénou, qui semble ne jamais ralentir dans ses défis sportifs et personnels. Félicitations pour cette deuxième grossesse !

  3. Je me demande comment elle parvient à concilier grossesse, entraînement et compétitions de haut niveau. Son expérience doit être précieuse pour les jeunes sportives.

  4. Les JO de Los Angeles seront sans doute un nouveau défi, mais avec cette annonce, elle montre que tout est planifié. Du courage et de l’organisation !

  5. Une nouvelle génération de judokas s’inspire de son parcours, entre victoires et vie de famille. Son courage mérite admiration.

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