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« Je suis une force qui va » : la réplique vient d’Hernani (1830), de Victor Hugo, et c’est à elle que l’on pense en quittant le Théâtre de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), où Séverine Chavrier met en scène Occupations, un spectacle créé, en novembre, à la Comédie de Genève (Suisse) que l’artiste dirige depuis juillet 2023. Et dont elle doit se tenir à l’écart, le temps que des investigations déterminent si elle s’est rendue coupable (comme cela a été révélé en octobre dans la presse suisse) d’exercer un management problématique. Une enquête de la Cour des comptes lancée par la magistrate genevoise chargée de la culture et un audit commandé par la Fondation d’art dramatique qui exploite la Comédie de Genève sont en cours.
« Je suis une force qui va » : la phrase ne figure pas dans Occupations, qui puise sa matière textuelle et intellectuelle chez Annie Ernaux (au premier chef) mais aussi chez Paul B. Preciado, Simone de Beauvoir, Iris Brey ou Judith Butler. Il y a pourtant du Hugo dans le geste volcanique de la metteuse en scène. Son refus radical de livrer un spectacle univoque, propre, net et sans bavure pose la question du théâtre lui-même. Que reste-t-il de lui lorsque tout est organisé pour le pousser à bout, voire le précipiter hors d’un champ de bataille dominé par l’usage immodéré et virtuose de la vidéo ?
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7 commentaires
Le théâtre a toujours été un miroir des débats de société, et ce spectacle ne fait pas exception.
Sauf que cette fois, le miroir est fissuré.
Séverine Chavrier semble pousser les limites du théâtre bien au-delà des normes traditionnelles.
Son management est sous investigation, mais son art reste captivant.
Vraiment? Je me demande comment cette approche radicale sera perçue par le public.
Un management problématique et un spectacle audacieux : Gennevilliers ne manque pas de противоречия.
C’est problématique que l’art soit éclipsé par les controverses.