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La gauche sociale-démocrate s’est affichée à Pontoise (Val-d’Oise), dimanche 16 novembre, autour de l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve, et du leader de Place publique, Raphaël Glucksmann, dans l’optique de la présidentielle de 2027, et en opposition à la primaire voulue par la gauche « unitaire ».
Alors que cette dernière, du Parti socialiste (PS) aux Ecologistes, s’est réunie la veille à Trappes (Yvelines) pour défendre une candidature commune à gauche, la sphère sociale-démocrate veut également affirmer ses ambitions pour 2027.
Et bien que les unitaires, et le PS en particulier, pressent Raphaël Glucksmann de se joindre à eux, l’eurodéputé, bien placé à gauche dans les sondages, a toujours refusé, et a fait le choix de se rendre à l’invitation de l’ancien premier ministre, en présence aussi de l’ancien président François Hollande et de la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, dans le cadre d’un rassemblement présenté comme celui de la « gauche réformiste », pour préparer la prochaine présidentielle face à la menace de l’extrême droite.
« Notre conversation n’est qu’un début », a assuré M. Glucksmann, car « nous n’avons plus le droit de jouer. Rien ne nous garantit que dans un, deux ou trois ans, nous vivrons encore dans un continent en paix et en démocratie ».
Aversion pour LFI
Point commun de ce rassemblement, où se trouvaient aussi l’ancien ministre François Rebsamen et le Prix Nobel d’économie Philippe Aghion : l’aversion revendiquée pour La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui prépare plus que jamais sa quatrième campagne présidentielle et a tenu le même jour un meeting près de Tours.
Jusqu’à présent, Raphaël Glucksmann s’était tenu éloigné de Bernard Cazeneuve, qui a quitté le PS en 2022 après l’alliance du parti à la rose avec LFI et a fondé son mouvement, La Convention. L’ex-premier ministre avait pourtant lancé à plusieurs reprises un appel au rassemblement des sociaux-démocrates, proposant de fusionner son mouvement avec Place publique. Une invitation restée lettre morte.
Ce dimanche, « ça bouge », mais la fusion n’est « pas à l’ordre du jour », a tempéré l’entourage de Raphaël Glucksmann auprès de l’AFP. L’eurodéputé veut incarner « une offre politique nouvelle », mais aussi s’ancrer politiquement en « embrassant l’héritage politique » de la social-démocratie, explique-t-on dans son entourage pour justifier sa présence. « Raphaël a du talent. Il peut incarner cette candidature pour 2027, comme des tas d’autres », a affirmé M. Cazeneuve.
Mais la présence de Raphaël Glucksmann aux côtés de Bernard Cazeneuve et de François Hollande, « ça dit quelque chose de sa ligne. Il n’a pas choisi le cœur de la gauche », a critiqué la députée Clémentine Autain, ex-« insoumise », qui fait partie des « unitaires ».
Olivier Faure, le patron des socialistes, concède, sous forme d’une critique déguisée, que M. Glucksmann a « le droit de vouloir incarner ce qu’il veut, si ça lui convient le mieux ». Mais pour Carole Delga, opposante interne à M. Faure, ce dernier n’a « pas la moitié des socialistes » pour le soutenir dans l’idée d’une primaire, qui devra être validée par les militants.
« Une opération des appareils fatigués »
Pour Bernard Cazeneuve, la primaire est « une opération des appareils fatigués ». « Aujourd’hui, la priorité, c’est de reconstituer une force de gauche de gouvernement. J’appelle Olivier Faure à la reconstituer avec nous tous », a-t-il plaidé devant la presse.
Le patron du Parti radical de gauche, Guillaume Lacroix, juge de son côté que la famille politique de Raphaël Glucksmann est « dans cette salle, et pas avec les unitaires », qui « ne parlent que de primaire et pas de fond ». « Le plus urgent, c’est de renvoyer l’idée que les responsables politiques réunis ici ne sont pas mus que par leurs ambitions », insiste M. Lacroix.
Pas question donc pour Bernard Cazeneuve, que certains voient toujours comme un recours, de se déclarer lui-même candidat. « Retrouvons-nous, tel était notre projet, entre les différentes composantes de la gauche réformiste, par-delà ce que sont nos organisations, pour que naisse une espérance », a lancé l’ancien ministre dans son discours. « Mais il faudra que les ambitions pour soi-même, les combinaisons d’appareil s’effacent derrière l’amour de notre patrie », a-t-il averti.
François Hollande a aussi appelé au rassemblement : « Il faudra qu’on soit au complet la prochaine fois pour gagner en 2027 », dans une invitation déguisée à Olivier Faure.









15 commentaires
La ‘gauche réformiste’ contre l’extrême droite. Un message clair, mais suffisant pour mobiliser les abstentionnistes ?
Bernard Cazeneuve et Raphaël Glucksmann misent sur 2027. Ont-ils les moyens de leurs ambitions face au RN ?
Le RN a le vent en poupe. La gauche devra innover pour le contrer.
Français Hollande dans ce rassemblement, une façon de rappeler son héritage politique. Cette alliance est-elle viable ?
Hollande a ses partisans, mais aussi ses détracteurs. Son retour aux avant-postes pourrait diviser.
Une réunion à Pontoise pour contrer la primaire unitaire. La gauche sociale-démocrate pourra-t-elle éviter la fragmentation ?
Les alliances à gauche ont toujours été fragiles. Celacould shore up unions ou les affaiblir davantage.
Carole Delga présente elle aussi. La régionalisation des partis politiques est-elle une stratégie bidon ?
Un rassemblement à Pontoise pour préparer 2027. Restera-t-il lettre morte comme tant d’autres ?
Seul l’avenir le dira, mais la politique française a souvent déçu en termes de coalitions durables.
Une initiative intéressante, mais sera-t-elle suffisante pour rassembler la gauche face à la montée de l’extrême droite ?
C’est un premier pas, mais il faudra plus qu’une déclaration à Pontoise pour convaincre les électeurs.
Glucksmann a raison de parler de ‘gauche réformiste’, mais quelles réformes concrètes propose-t-il ?
Collaboration entre Glucksmann et Cazeneuve ? Ça sent le calcul politique à plein nez, non ?
Tout est question d’opportunité, surtout en période de présidentielle.