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La communiste modérée Jeannette Jara devrait affronter au Chili le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, selon de premiers résultats publiés dimanche 16 novembre, au second tour d’une présidentielle dominée par les inquiétudes liées à la criminalité et à l’immigration irrégulière.
Au premier tour, la candidate de la coalition de centre gauche au pouvoir recueille 26,58 % des suffrages, contre 24,32 % pour son adversaire ultraconservateur, selon des résultats officiels portant sur près de 53 % des bulletins dépouillés. Sauf retournement de dernière minute, les deux candidats devraient se retrouver au second tour le 14 décembre.
Ces résultats « sont une très mauvaise nouvelle pour Jeannette Jara », commente pour l’Agence France-Presse Rodrigo Arellano, analyste à l’Université du Développement du Chili. « Toutes les projections de son équipe tablaient sur plus de 30 % », explique-t-il, soulignant en outre que « l’ensemble des candidats de l’opposition la devancent de près du double ». Des sondages avaient estimé que Jeannette Jara serait battue au second tour si elle affrontait un candidat de droite ou d’extrême droite, du fait du report des voix.
Pour la première fois depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet en 1990, la droite radicale pourrait revenir au pouvoir.
« Ne laissez pas la peur endurcir vos cœurs », a affirmé Jeannette Jara dimanche dans la soirée, exhortant les électeurs à ne pas succomber à l’extrême droite lors du second tour en décembre. José Antonio Kast a, lui, promis dimanche soir de « reconstruire » le pays après quatre années de gouvernance de centre gauche.
Criminalité en hausse
Plus de 15,6 millions d’électeurs étaient appelés à départager huit candidats lors de ce premier tour marqué par de longues files d’attente pour ce scrutin obligatoire. L’extrême droite était aussi représentée par Johannes Kaiser, du Parti national libertarien, souvent perçu comme la version chilienne du président argentin, Javier Milei.
Bien que le pays, riche en cuivre et en lithium, reste l’un des plus sûrs du continent, la criminalité y a sensiblement augmenté ces dernières années. Le taux d’homicides a bondi de 2,5 à 6 pour 100 000 habitants en une décennie et les enlèvements ont atteint 868 cas en 2024, en hausse de 76 % par rapport à 2021, selon les autorités.
Cette violence inédite a éclipsé les aspirations de changement qui avaient porté au pouvoir en 2022 le président de gauche Gabriel Boric et sa promesse, finalement avortée, d’une nouvelle Constitution pour remplacer celle héritée d’Augusto Pinochet.
L’inquiétude de la population tient notamment à l’arrivée de formes de criminalité organisée « jusque-là inconnues dans le pays, comme les assassinats commandités », note Gonzalo Müller, directeur du Centre d’études politiques du Chili.
Parallèlement, le pays a connu une hausse de l’immigration : le nombre de migrants a doublé en sept ans pour atteindre 8,8 % de la population. Une majorité de Chiliens associe la montée de la criminalité à l’immigration irrégulière.
Promesse d’expulsions massives
La campagne a ainsi été dominée par les discours sécuritaires, auxquels Jeannette Jara elle-même s’est ralliée. Agée de 51 ans et membre du Parti communiste depuis l’adolescence, l’ancienne ministre du travail a assuré n’avoir « aucun complexe en matière de sécurité ». Elle défend un contrôle migratoire renforcé, tout en promettant aux Chiliens « la sécurité d’arriver à boucler les fins de mois », dans un contexte de hausse du coût de la vie.
Son principal rival, José Antonio Kast, 59 ans, fils d’un ancien soldat ayant servi dans l’armée d’Hitler et émigré au Chili après la seconde guerre mondiale, brigue pour la troisième fois la présidence. Il a fait des 337 000 étrangers en situation irrégulière dans le pays, en majorité des Vénézuéliens, le cœur de son discours, exploitant un climat d’inquiétude lié à l’arrivée de groupes criminels étrangers comme le Tren de Aragua, impliqué dans des enlèvements et des extorsions.
L’ultraconservateur promet des expulsions massives, la construction d’un mur à la frontière, une hausse de la puissance de feu de la police et le déploiement de l’armée dans les zones critiques.
En troisième position à ce stade du dépouillement, Johannes Kaiser, 49 ans, également d’origine allemande, tenait le discours le plus radical des huit candidats contre les migrants en situation irrégulière, promettant de les expulser, mais également d’envoyer ceux ayant un casier judiciaire dans la mégaprison construite par le président Nayib Bukele au Salvador.
Ces positions ont fragilisé la candidate de la droite traditionnelle Evelyn Matthei, dont un clip de trap (courant musical issu du hip-hop) diffusé en fin de campagne et largement moqué n’a pas réussi à inverser la tendance.
Le scrutin est considéré comme un indicateur-clé pour la gauche sud-américaine, battue récemment en Argentine et en Bolivie, et confrontée à des échéances électorales décisives en Colombie et au Brésil en 2026.







6 commentaires
Un second tour opposant Jeannette Jara à José Antonio Kast s’annonce comme un choc des idéologies. Les investisseurs étrangers surveillent de près l’évolution de la situation.
C’est certain, le résultat de cette élection aura des répercussions sur les marchés, surtout dans des secteurs clés comme l’exploitation minière.
Cette élection devrait rappeler l’importance des politiques locales sur les industries extractives. Le Chili reste un acteur majeur dans la production de métaux, son choix politique aura un impact mondial.
Les projections initiales étaient plus favorables à Jara, mais les résultats montrent une dynamique inattendue. Sera-t-elle en mesure de rallier suffisamment de voix au second tour ?
Les résultats du premier tour au Chili montrent un pays profondément divisé sur les questions de sécurité et d’immigration. Comment ces enjeux vont-ils influencer la politique minière du pays à l’avenir ?
La question de l’immigration et de la criminalité pourrait effectivement prendre le dessus sur les sujets économiques, y compris le secteur minier.