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Les ambitions de Bachil Valy : Creuser l’identitaire et la souveraineté alimentaire

Porté par l’authenticité de son village niché entre deux bras de rivière, Bachil Valy entend davantage développer sa commune sur ce qui fait déjà son succès.

Ecrit par – le mercredi 13 septembre 2023 à 15H20

L’idée fait son chemin à l’Entre-Deux. Célébrer et représenter ce qui fait la culture réunionnaise. Cela prendra la forme d’un Centre d’Interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP). Le comité scientifique composé d’historiens et de passionnés de l’histoire de La Réunion est en cours de création, rassure Bachil Valy. “Un CIAP parce que nous avons réussi l’intégration des populations. Bâtir le CIAP sur cette expérience, certes douloureuse, mais si il n’y avait pas de souffrance on ne mesure pas la dimension et l’intérêt”, avance-t-il.

Le maire de l’Entre-Deux ne veut pas d’un musée, “c’est une tombe”. Il sera davantage question ici “d’un espace vivant, éducatif et pédagogique” qui réunirait tous les vécus des habitants de La Réunion. “On va mettre en place avec le rectorat c’est quoi une case créole ? C’est quoi un toit à 4 pans ? C’est quoi les auvents ? Le bardeau ? Quel est le rôle du lambrequin ?C’est tout cela que nous avons besoin de transmettre à ces jeunes. Nous sa pas met quelques instruments de musique dans une belle vitrine avec deux spots, ce n’est pas ça que nous allons faire. C’est vraiment mettre la culture créole, le savoir-faire, le vivre-ensemble en avant”, s’enthousiasme l’édile.

Bachil Valy voit le lieu comme “économiquement vivant” également avec une belle place faite à l’artisanat local.

“Nous serons compétitifs »

L’identitaire prenant aussi ses racines dans la terre, Bachil Valy veut également miser sur l’agriculture pour développer l’économie de l’île. “Nous ne pouvons pas continuer dans cette voie-là tout en sachant que nous ne faisons pas preuve d’imagination, de créativité. Nous sommes un pays dépendant des fonds européens, de l’Etat, des collectivités et des impôts bien sûr. Il faut qu’à un moment donné on nous donne les moyens juridiques et les moyens financiers pour faire notre propre développement. C’est à nous Réunionnais et Réunionnaises de le faire et c’est aussi la responsabilité des élus”. Le maire de l’Entre-Deux propose ainsi via son plan alimentaire territorial d’aller vers la souveraineté alimentaire et de déployer des circuits courts. “Ce n’est pas un problème de foncier parce qu’avec mon conseil municipal nous avons demandé à l’Etat de récupérer des terres en friche. Nous avons récupéré plus de 3.000 hectares. Si chaque commune fait cet exercice, nous allons pouvoir redessiner notre paysage, offrir aux associations, aux agriculteurs, des possibilités d’extension de l’agriculture bio et raisonnée”.

Les études commandées préconisent la création d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). “Les communes adhérentes achètent pour le compte de leur cantine”. Cela représente potentiellement 45 millions de repas qui sont servis actuellement dans l’ensemble des établissements scolaires. “Nous serons compétitifs parce qu’il y a du volume mais aussi de la création d’emplois. Voilà le modèle économique que je propose” . Six à sept communes se montrent déjà intéressées, indique Bachil Valy.

Mû par “l’avenir de mes enfants et celui de la population”, l’édile n’hésite pas à faire “des propositions à l’échelle départementale parce qu’[il est] persuadé que nous pouvons réussir avec la volonté des élus”.

Ainsi se positionnant au centre hors “des idéologies politiques qui n’ont jamais réussi à faire leurs preuves que ce soit la gauche ou la droite”, Bachil Valy “ne supporte pas que l’on dise que nous sommes des assistés. On est capable de faire et ce n’est pas la faute de Paris”. Le centriste en appelle donc “à une volonté des élus pour mettre de côté les rancunes politiques” car lui, assure-t-il, ne portera pas l’irresponsabilité d’un échec.