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La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a présenté jeudi 6 novembre un plan visant à encourager les plaintes et les sanctions contre les violences sexuelles, subies par des milliers de femmes chaque année – et par la dirigeante elle-même cette semaine.

Mme Sheinbaum avait annoncé mercredi avoir porté plainte après une agression sexuelle en pleine rue dans la capitale mardi, alors qu’elle se rendait à un événement public et saluait des sympathisants. Un homme avait passé son bras autour de l’épaule de la présidente et lui avait touché la hanche et la poitrine, tout en tentant de l’embrasser dans le cou.

La responsable de gauche, au pouvoir depuis octobre 2024, a porté plainte pour « harcèlement sexuel » contre son agresseur, arrêté quelques heures après les faits et accusé de deux autres agressions le même jour. Ce délit, qui englobe les attouchements dans le code pénal de Mexico, est sanctionné par une peine allant de un à trois ans de prison.

Mme Sheinbaum a également ordonné de revoir les législations des 32 Etats qui composent le Mexique afin de garantir que ces comportements puissent être partout poursuivis pénalement. Seuls 19 des 32 Etats incluent ce délit dans leur code pénal, a précisé Citlalli Hernandez, responsable du ministère des femmes.

Plus de 25 000 plaintes enregistrées

« Que ce qui s’est passé serve à ce que les femmes ne se sentent pas seules face à une situation » comparable, a déclaré la présidente en conférence de presse jeudi. « Pour cela, il doit y avoir des institutions et un gouvernement qui les soutiennent », a-t-elle ajouté. Elle a affirmé que 45 % des femmes au Mexique ont déjà subi une forme de violence sexuelle. La présidente Sheinbaum a appelé de ses vœux un système d’enregistrement des plaintes « rapide, efficace, et qui permette de rendre véritablement justice ».

Plus de 25 000 plaintes pour « harcèlement sexuel » ont été enregistrées dans le pays depuis le début de l’année, a précisé Mme Hernandez. Et ce alors même que de nombreuses femmes n’osent pas signaler ces faits à la police, par crainte que leur crédibilité soit mise en question.

Ses adversaires politiques l’ont néanmoins accusée d’utiliser cet incident pour détourner l’attention d’un autre problème majeur au Mexique. Le week-end précédent, un maire de l’Etat occidental du Michoacan avait été abattu en public pendant les festivités de la Fêtes des morts. Le sénateur Alejandro Moreno, chef du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), parti d’opposition, a condamné la violence contre les femmes, mais a dans le même temps accusé le parti Morena, pour Mouvement Régénération nationale, de Sheinbaum d’utiliser cet incident comme une « diversion politique » pour détourner l’attention du meurtre du maire.

Le harcèlement de rue et les attouchements dans les espaces publics sont très répandus au Mexique. Au cours de la décennie écoulée, les autorités ont créé des espaces réservés aux femmes dans les transports publics, notamment à Mexico.

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18 commentaires

  1. Camille Robert le

    Un plan aussi ambitieux nécessitera des ressources et une volonté politique durable. On verra si les 32 États mexicains coopéreront vraiment.

  2. Pierre Bernard le

    La présidente a raison de vouloir uniformiser les lois dans tout le pays. La justice ne devrait pas dépendre de l’État où l’agression a eu lieu.

  3. C’est une initiative courageuse de la part de la présidente Sheinbaum. Espérons que ce plan nationale aura un impact réel sur la sécurité des femmes au Mexique.

    • Ça fait longtemps que la lutte contre les violences sexuelles au Mexique est nécessaire, mais il faudra des actions concrètes pour changer les mentalités.

  4. Enfin une reconnaissance officielle de l’ampleur du problème. Reste à savoir si cette mobilisation durera après les élections.

  5. Harrowing experience for the President. It’s shocking that such incidents still happen in broad daylight, but at least the government is taking it seriously now.

  6. Ce type d’agression montre que le harcèlement sexuel peut toucher n’importe quelle femme, à n’importe quel moment. Les mesures doivent être renforcées.

  7. Espérons que ce plan inclura une meilleure formation des policiers pour renforcer la confiance des victimes dans le système judiciaire.

  8. Claire Richard le

    L’agression subie par la présidente est un symbole des problèmes persistants de harcèlement en public. Il est temps que la loi soit enfin appliquée uniformément dans tout le pays.

    • Marie V. Petit le

      Tout à fait d’accord, mais les femmes devront-elles encore prouver qu’elles ont été agressées alors que leur parole devrait suffire ?

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