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Né au début des années 2000 au Canada – pays historiquement à l’avant-garde des politiques sociales –, le dispositif Tapaj [travail alternatif payé à la journée] s’est développé en France grâce à la Fédération addiction et de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) à partir de 2014.
Ce programme atypique de prévention des conduites addictives et de réduction des risques s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans éloignés des dispositifs de droit commun. Il est aujourd’hui présent dans 12 régions, et offre une alternative pertinente à la caricature autoritaire qui dénigre souvent ces jeunes en situation de rupture.
A Marseille par exemple, le dispositif Tapaj existe depuis dix ans, et cela mérite de s’y arrêter un instant. Félix-Pyat, la Castellane, la Busserine… Ces cités « sécessionnistes » de Marseille sont constamment réduites aux fusillades, à la délinquance, au narcotrafic et à l’insécurité. Il est essentiel de mettre en lumière d’autres récits qui éclairent différemment ces lieux et ceux qui les habitent.
Le chemin de la socialisation
On ne peut que constater l’ampleur de l’imaginaire collectif qui entoure Marseille, construit au gré de faits divers érigés en vérités générales. S’il est vrai que la ville est sujette à une grande pauvreté, aux trafics et à d’importants réseaux, elle ne peut se réduire à l’image de guetteurs encagoulés et d’opérations de police sensationnalistes qui ne produisent rien d’autre que du chaos, là où il existe déjà.
Avec patience et méthode, et malgré le poids de ces représentations négatives, le dispositif Tapaj et les équipes qui le font vivre œuvrent tous les jours à l’intégration des jeunes de ces cités pour qu’ils retrouvent le chemin de la socialisation et d’une vie hors de la misère.
Avant toute chose, nous ne parlons pas de séparatisme. Ces jeunes ne s’excluent pas d’eux-mêmes et sont rendus coupables d’une situation héritée de l’histoire de l’immigration, dont ils sont avant tout les victimes, encore tributaires de la ghettoïsation de ces populations à leur arrivée en France. A Marseille, ce sont les tristement célèbres quartiers nord, parmi les plus pauvres d’Europe, où l’absence de services publics, d’investissements publics, de mobilité, les discriminations expliquent en partie l’existence d’une économie informelle où germent les dépendances et exploitations des réseaux.
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8 commentaires
Marseille est souvent stigmatisée, mais des projets comme Tapaj prouveraient qu’il existe des alternatives aux discours sécuritaires. Cela mérite plus de visibilité.
Les programmes de prévention comme Tapaj devraient être généralisés. Pourquoi attendre que la situation se dégrade pour agir ?
La lenteur administrative et le manque de moyens sont souvent les obstacles.
Certains估e que ces programmes « récompensent » les jeunes en difficulté, ce qui est une simplification dangereuse.
Le Tapaj semble être une bouffée d’air frais dans un contexte souvent dominé par la peur. Dommage que ces programmes ne soient pas davantage médiatisés.
Cet article montre à quel point les politiques répressives peuvent maskingne les solutions innovantes comme le dispositif Tapaj. Une approche plus humaine et pragmatique semble indispensable pour traiter les problèmes sociaux complexes.
Je me demande si les financiers soutiendront suffisamment des projets comme Tapaj à long terme. Les budgets sociaux sont souvent les premiers sacrifiés.
Effectivement, la réduction des risques doit primer sur la répression pure. Ces initiatives méritent d’être étendues à d’autres régions.