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C’est l’une de ces scènes primitives dont on finit par mettre en doute la véracité à force de la raconter. Dans ses souvenirs, Vince Aletti a 8 ou 9 ans. L’enfant, né en 1945 et qui grandit en Floride, dans l’Amérique puritaine de l’après-guerre, est en vacances en famille, au bord de la mer, lorsque son regard est accroché par une image de magazine, trouvé au hasard dans une supérette.

Deux adolescents, tout sourire, se tiennent enlacés dans une pose ambiguë. Un trouble inconnu l’envahit alors. Devenu lycéen, Vince Aletti cherche à revivre le même émoi en mettant la main sur d’autres physique magazines, qu’il achète en cachette. Vendues aux Etats-Unis des années 1930 au début des années 1960, ces publications officiellement consacrées au fitness et à la culture sportive rassemblaient en réalité des nus masculins destinés à un public homosexuel.

Il faut attendre le début des années 1970 pour qu’Aletti, bientôt trentenaire et installé dans un New York plus tolérant avec les gays, ait à nouveau sous les yeux ces physique magazines (également surnommés beefcake magazines, « magazines de beaux mâles ») vendus dans un magasin de journaux vintage de son quartier d’East Village.

Puissance politique

« Ces images étaient magnifiques, pas simplement en raison de leur sujet, mais aussi grâce à la qualité de l’impression, se souvient l’ancien critique du New Yorker et curateur d’exposition, au téléphone de son appartement new-yorkais. Plus j’en voyais, plus j’en voulais. L’envie de les collectionner s’est imposée, avec l’idée de constituer une forme d’histoire gay rarement prise au sérieux par les collectionneurs. »

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11 commentaires

  1. Louis H. Martin le

    La culture physique comme alibi pour des publications pionnières LGBT+. Un stratagème remarquable, mais qui souligne aussi les contraintes de l’époque.

  2. Cette analyse historical met en lumière une époque où chaque petit geste d’affirmation personnelle devait se cacher. Un sujet très riche

  3. Intéressant de voir comment l’art a pu servir de véhicule pour des expressions clandestines de l’identité gay. Ces magazines semblent avoir eu un rôle important dans la culture underground des années 50-60.

  4. On pourrait presque y voir un précurseur des selfies d’aujourd’hui, où les normes sociales évoluent pour accepter des représentations plus diverses.

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