Le lent effacement des boîtes postales à la campagne : « Une boîte jaune qui s’en va, ça paraît infime… »

Sur le mur du petit abri de bus, la trace de la boîte postale est encore très visible : un rectangle plus clair et quelques clous fichés dans le bois révèlent son fantôme. L’équipement postal a disparu du lieu-dit Saint-Jacques, un matin d’avril. Le maire de Tréméven (Côtes-d’Armor) est alors alerté par une factrice : la direction régionale de La Poste a décidé de supprimer deux installations dans ce bourg de 380 habitants, et le hameau fait partie des sites ciblés. « Cette boîte, c’est bien plus qu’un simple contenant postal, elle faisait partie de notre quotidien. C’est un lien essentiel, notamment pour les personnes âgées », constate Yves Liennel, élu sans étiquette. Le sexagénaire retraité, barbe courte et bracelets en perles de bois au poignet, se désole : « Personne ne m’a prévenu. Cette décision va isoler un peu plus la commune. »

Le hameau breton, niché au détour de petites routes creuses et de hauts talus, semble tout pimpant avec sa belle chapelle et ses massifs d’hortensias fanés. Placé sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, le lieu-dit − un des cinq constituant la commune − voit passer pèlerins et touristes aux beaux jours. « C’était pratique d’avoir la boîte aux lettres juste à côté. Qu’est-ce que ça changeait un arrêt d’une minute sur la route des facteurs ? », s’interroge Yannick Planté, gérant du petit café-restaurant.

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