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Washington insiste sur la sortie des Russes de la compagnie pétrolière serbe NIS et maintient les sanctions

La ministre de l’énergie serbe, Dubravka Djedovic Handanovic, a expliqué samedi que le gouvernement américain avait refusé une requête des avocats de NIS (Industrie pétrolière de Serbie) pour réclamer la levée des sanctions en échange d’« un accord sur un changement de gestion » au sein de la compagnie pétrolière, cruciale pour l’économie locale. La Serbie a cédé en 2009 les parts majoritaires dans NIS au géant russe Gazprom Neft.

« Pour la première fois, l’administration américaine a clairement et sans équivoque déclaré et écrit qu’elle souhaite un changement complet des actionnaires russes dans la propriété, c’est-à-dire qu’elle exige le retrait de la propriété russe de la compagnie NIS », a déclaré la ministre dans une déclaration à la presse.

Après plusieurs reports depuis janvier, le département du Trésor américain a commencé à appliquer le 9 octobre les sanctions contre NIS, dans le cadre des sanctions plus vastes contre le secteur énergétique russe, face au refus de la Russie de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Acteur principal sur le marché du pétrole serbe, NIS gère deux raffineries dans le pays, à Novi Sad, et à Pancevo, près de Belgrade, qui approvisionnent environ 80 % du marché serbe. Des représentants de NIS ont affirmé que la raffinerie avait des réserves de pétrole pour pouvoir tourner jusqu’au 25 novembre.

Dans de telles circonstances, la ministre de l’énergie serbe a annoncé que l’Etat serbe allait devoir prendre des « décisions difficiles », en évoquant une éventuelle « reprise de la compagnie » par le gouvernement.

« Je sais que le président Vucic est contre la nationalisation, tout comme beaucoup d’entre nous au sein du gouvernement », a déclaré Dubravka Djedovic Handanovic, en annonçant pour dimanche une réunion « extraordinaire » du gouvernement sur le sujet.

« Nous ne permettrons pas que notre pays soit mis en danger, mais nous serons peut-être confrontés dans les jours à venir à certaines des décisions les plus difficiles de notre histoire », a poursuivi la ministre.

Candidate à l’adhésion à l’Union européenne, la Serbie est aussi l’un des rares pays du continent à ne pas avoir imposé de sanctions à la Russie après son invasion de l’Ukraine. Elle dépend fortement des importations du gaz russe.

La ministre avait déclaré mardi que la partie russe était « prête à céder le contrôle et l’influence dans la société (…) à une tierce partie ». « J’espère que nos amis russes comprendront la gravité de la situation et qu’ils nous aideront à la surmonter », a-t-elle encore dit.

Selon elle, les autorités américaines ont accordé une « autorisation pour les négociations sur la propriété, valable jusqu’au 13 février », mais cette autorisation ne met pas en sursis les sanctions. « Nous n’avons pas obtenu un seul jour pour permettre à NIS de continuer à fonctionner », a poursuivi Mme Djedovic Handanovic.

Selon les données disponibles, Gazprom Neft détient près de 45 % de la société serbe. Sa maison mère, Gazprom, a récemment transféré 11,3 % des parts à Intelligence, une société de Saint-Pétersbourg. L’Etat serbe possède près de 30 % de la compagnie et le reste est détenu par des actionnaires minoritaires.

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7 commentaires

  1. Une nouvelle sanction qui pourrait avoir des répercussions sur l’économie serbe, surtout avec l’importance de NIS dans le secteur pétrolier local. Comment la Serbie compte-t-elle compenser cette perte ?

    • Difficile à dire, la Serbie semble coincée entre sa dépendance énergétique et les pressions internationales. Une transition rapide vers les énergies renouvelables serait idéale, mais est-ce réaliste à court terme ?

    • Luc A. Bernard le

      Les sanctions visent clairement à affaiblir les intérêts russes. Reste à voir si la Serbie pourra trouver un nouvel investisseur en si peu de temps.

  2. Camille Richard le

    Les sanctions contre le secteur énergétique russe se multiplient. À quels autres acteurs majeurs ce type de mesures pourrait-il s’appliquer dans les prochains mois ?

    • La Russie reste très intégrée dans les marchés énergétiques européens. D’autres compagnies comme Rosneft ou Lukoil pourraient être les prochaines cibles.

  3. Claire E. Petit le

    Washington met la presse devant le fait accompli, montrant peu de flexibilité sur cette affaire. La Serbie semble perdre un atout économique majeur sans alternative immédiate.

    • C’est un coup dur pour la Serbie, surtout après des années de collaboration avec Gazprom Neft. L’UE pourrait-elle offrir un soutien pour atténuer l’impact ?

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