Listen to the article
Avec son court-métrage Loyal American (2025), la photographe new-yorkaise Haruka Sakaguchi met en lumière une page méconnue de l’histoire américaine : l’incarcération de quelque 120 000 Américains d’origine japonaise durant la seconde guerre mondiale, dont près des deux tiers étaient citoyens des Etats-Unis. Deux mois après l’attaque de Pearl Harbor, le président Franklin D. Roosevelt signait, le 19 février 1942, le décret 9066, qui autorisait l’exclusion et la détention de ces hommes, femmes et enfants, soupçonnés du seul fait de leur origine.
Le film suit Henry Kaku, fils d’un ancien détenu, dans un pèlerinage sur les traces du camp où sa famille fut emprisonnée. Avant l’attaque de Pearl Harbor, son père, Keige Kaku, servait dans l’armée américaine. Incarcéré après avoir refusé de signer un « questionnaire de loyauté », il perdit sa citoyenneté et fut déporté au Japon, où naquit son fils. Pour Sakaguchi, ce récit éclaire « les dilemmes moraux et existentiels » auxquels furent confrontés les prisonniers.
Née d’un projet plus vaste intitulé The Camps America Built, l’œuvre de la photographe entend réinscrire cette histoire dans la mémoire collective américaine. « J’ai été frappée par le peu que je savais de cette histoire », confie-t-elle, avant d’ajouter : « La photographie a le pouvoir de créer un espace pour l’introspection, le dialogue et la guérison. »
En redonnant voix aux anciens détenus et à leurs descendants, Haruka Sakaguchi cherche à faire de cette tragédie « non pas une histoire japonaise-américaine, mais un héritage partagé qui continue de nous façonner à l’heure actuelle ».
Il vous reste 73.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.








9 commentaires
Cette histoire montre à quel point la peur peut justifier des mesures inacceptables. Déconcertant.
Un rappel que les discriminations systématiques ont des conséquences durables sur plusieurs générations.
C’est tragique mais vrai. Les choix politiques d’hier pèsent encore aujourd’hui.
Intéressant de voir comment l’art documentaire peut servir à exposer les traumatismes d’une génération.
Absolument. Cela donne une voix à ceux qui ont été silencés.
Un sujet trop rarement évoqué. Merci à Haruka Sakaguchi de rappeler cette injustice historique.
L’art comme moyen de préserver l’histoire, c’est essentiel.
Tout à fait. Ces pages noirs doivent rester dans la mémoire collective.
Le film semble poser des questions profondes sur l’identité et la loyauté en temps de crise. À explorer.