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En ce 16 novembre, Journée internationale pour la tolérance, je pose une question simple mais incontournable : comment célébrer la paix quand la moitié de l’humanité reste exclue des tables où elle se négocie ?
Depuis des décennies, les femmes participent à la société civile, mènent des initiatives locales de paix, mais elles restent largement absentes des négociations formelles. Cette exclusion n’est pas seulement injuste : elle affaiblit la construction même de la paix et la durabilité des accords conclus.
Depuis plus de vingt ans, les Nations unies rappellent, à travers la résolution 1325 et celles qui l’ont suivie, l’importance de la participation des femmes aux processus de paix, mais, entre 1992 et 2019, elles ne représentaient en moyenne que 13 % des négociateurs, 6 % des médiateurs et 6 % des signataires d’accords. Les femmes et les enfants constituent pourtant près de 80 % des populations déplacées.
Cette invisibilisation n’est pas qu’une injustice : elle constitue une faiblesse stratégique. Les études montrent en effet que, lorsque les femmes participent activement aux négociations, les accords qui en résultent ont 35 % de chances supplémentaires de durer au moins quinze ans.
Un premier pas concret vers la parité
C’est dans ce contexte que j’ai pris la parole, lors des PeaceTalks aux Nations unies, pour proposer l’instauration d’un quota minimal de 30 % de femmes dans toutes les délégations officielles de négociation. Ce seuil n’est pas une fin en soi, mais un premier pas concret vers la parité. Il s’inscrit pleinement dans l’Agenda 2030 pour le développement durable. Une représentation équilibrée n’est pas un luxe : elle est une condition de stabilité et d’efficacité.
Lors des PeaceTalks, les participants ont accueilli cette proposition avec enthousiasme. La société civile comme les cercles diplomatiques attendent que les femmes cessent d’être spectatrices pour devenir actrices de la paix. Cette dynamique rejoint l’esprit des accords de Sarah et Hajar [signés par des représentantes d’Israël, des Emirats arabes unis, de Bahreïn et du Maroc] – que j’ai créés en 2023, équivalent féminin des accords d’Abraham – et montre qu’une mobilisation concrète, portée par les femmes, peut ouvrir la voie à des solutions innovantes et inclusives.
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18 commentaires
La diplomatie ne peut ignorer la moitié de la population. La paix doit être un effort commun.
Tout à fait, la paix n’est pas un privilège réservé à certains.
La paix ne se négocie pas sans celles et ceux qui la vivent au quotidien. Doublement vrai pour les femmes.
Les statistiques citées sont troublantes : seulement 6 % des médiateurs sont des femmes. Un vrai gaspillage de potentiel.
C’est surtout une opportunité manquée pour des solutions plus inclusives.
Célèbrer la tolérance sans inclure les femmes dans les décideurs est hypocrite.
C’est une excellente remarque, l’inclusion doit être au cœur de tout processus.
Un article percutant qui soulève une question essentielle : comment construire une paix durable sans l’implication pleine et entière des femmes ?
Exactement, leur participation est non seulement une question de justice, mais aussi d’efficacité.
Les chiffres sont éloquents, il est temps de passer aux actes.
80 % des déplacés sont des femmes et enfants. Leur voix est pourtant absente des négociations.
C’est une aberration stratégique et humaine.
Les accords avec participation féminine ont 35 % plus de chances de durer. Pourquoi alors traîner des pieds ?
Les mentalités ont du mal à évoluer, mais ce n’est qu’une question de temps.
Les initiatives locales menées par des femmes montrent leur capacité d’action. Pourquoi les ignorer en haut niveau ?
C’est une question de cohérence et de respect des compétences.
Transformons la diplomatie en intégrant pleinement les femmes. C’est une nécessité.
Tout à fait d’accord, le changement ne peut plus attendre.